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LA COLLINE AUX CIGALES
26 janvier 2014

Les mots sont sortis de la plaie.

COLLEC_1Encore des frissons de lune, encore des susurrements de la tornade qui a ravagé le noir dans lequel tu t’es blottie. Une tristesse infiniment longue, infiniment tenace prolonge le poids du vide. Le poison du présent est un lait noir, caillé, où s’étiole l’espérance vive. Il ne reste qu’une strophe dénudée sur l’autel du silence. Et puis, un nuage de myrtilles dans lequel je m’assoupis chaque nuit. 

La terre est froide comme une cendre insensible. Dans la chapelle des orages muets brûle encore un cierge tenu par les larmes. Le pardon est un long pèlerinage. 

La vie matérielle n’est plus qu’un murmure brûlé. Dans mon jardin à mille étages, des plis disparaissent. La terre s’étale sans cesse et se recouvre d’elle-même. Des dunes entières ensevelissent inlassablement le feu qui nous accompagne. Je suis de la taille de mon désir, je suis de la taille de mes échecs. Pourquoi maintenir la tristesse dans la mue qui s’ébat ?

Tous les souvenirs meurent dans le sommeil prolongé des nuits froides. Toutes les larmes de mon corps suintent le long des vitres brisées. Notre histoire s’est réfugiée dans l’église de la pitié gracieuse du givre où l’hiver ne creuse jamais deux fois la même tombe. La colère s’est disloquée comme une ligne blanche se désagrège sous l’incessant passage de la marée bordant le crépuscule.

Mieux que de prétendre dompter ma nature, je me limite à exister de ce que je suis. *Ad libitum. *Ad libitum est une locution latine qui signifie littéralement « jusqu'à ce que (je) sois pleinement satisfait », ou mieux, « à volonté ».

Tout s’interprète solitaire. Engoncés dans nos poumons autant que dans nos regards, nous définissons dans l’obscurité ce que nous restituons au réel. La voie que nous avons tracée n’est pas éternelle. Elle reflue la traduction de nos sens ébouriffés. Tout mon chagrin propose à la vie de s’étendre ici dans la connivence, parce que l’un et l’autre s'accomplissent l'un par l'autre. De l’autre côté du mur, l’air a rompu cette cloison fragile. Le temps égorge doucement le souvenir. Les mots sont sortis de la plaie. La mort qui nous sépare est vide, mais elle reste inépuisable. C’est un grenier déménagé, un radeau sans passager, une voûte sèche abritant notre étonnante faculté à dissoudre la lumière.

 

- Bruno Odile - Tous droits réservés ©

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Commentaires
S
Le temps égorge doucement le souvenir : vrai..
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  • Dépotoir et déposoir de mots, de pensées... Ici repose mon inspiration et mon imaginaire ; une sorte de maïeutique effrénée et dubitative et il me plait de pouvoir partager à qui veut bien.
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