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LA COLLINE AUX CIGALES
25 janvier 2014

Mes veines sont à nue.

ange2

L’amour, ce n’est pas assez ! Ce n’est jamais suffisant ! C’est trop de volume pour trop peu d’espace. Dans la nuit d’épousailles, nos cœurs s’évident à coup de couteau et tes yeux sont deux lanternes éteintes où l’aube cherche à se reconstruire.

Au présent, tu disparais, tenue au loin sur des rivières de spasmes agonisants. Debout dans la distance, ton visage fleurit dans le fourrage enflammé des astres. L’air est éclaté comme un soleil de chevrotine. Chaque soir étrangle la plaie et l’amitié de nos blessures. La nuit cauchemardesque est une couronne de fil barbelé qui encercle les ruisseaux où s’acheminent les orages anciens. Une boue épaisse prend corps dans les mottes d’air qui dégringolent de nos pensées comme une avalanche. Le Rhône déborde et nos flancs avalent la neige ocre. Le Mistral coiffe son lit en serpentin et nous dérivons dans le courant qui nous emporte à la mer. 

Toutes les broutilles qui nous rendent à nous-mêmes, nous dépossèdent en même temps du langage d’amour où s’enfantent les mots émiettés par la disette. Un mot d’amour oublié est un cadavre de plus dans notre cimetière à sanglots. Nous tenons debout malgré les loques éparpillées qui entravent le chemin et nous marchons comme des funambules sur la lumière noire de nos éraflures. Chaque nouveau partage devient un gouffre où l’heure s’épuise. L’absence est une frontière indéterminée. Mes mains sont des naufrages et des canes pour aveugles, mon corps une épave délabrée qui s’enfonce dans le néant. La brume est un rideau de nacre solide derrière lequel je me perds. Il m’arrive de ravaler des mots. L’empilement de phrases souffreteuses attend la faucheuse. Mais, le bout du temps n’existe pas. Les mots fidèles restent enchaînés à ma chair de granit. Et je m’étouffe d’une seule pièce sous le lourd caillou qui recouvre ton fantôme. 

Quelque chose s’abolit dans l’instant. Quelque chose qui donne le bras à ton spectre pour le conduire derrière les murs du désert, derrière la nuit où la langue n’a plus de gestes pour effacer la sécheresse de la salive. Mes veines sont à nue et le présent m’écrase comme une armure uniforme dont la taille ne convient plus à personne. Le souvenir me traverse comme un marbre rugueux. Rappelle-toi nous avions incisé nos doigts et mélangé nos sangs. Ce rouge tribut dans lequel ta lueur reste l’éblouissement impétueux. Nous avions prononcé la sentence confraternelle : « Pour la vie, pour toujours ! ».

 

 

- Bruno Odile - Tous droits réservés ©

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  • Dépotoir et déposoir de mots, de pensées... Ici repose mon inspiration et mon imaginaire ; une sorte de maïeutique effrénée et dubitative et il me plait de pouvoir partager à qui veut bien.
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