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LA COLLINE AUX CIGALES
5 mars 2014

Tout devient stone.

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Ta rupture avec la vie immerge au-dessus de ma langue. Ce qui nous précède ressemble aux jours sans lendemain que je dépose sous les bûches du chagrin. J’ai l’armoirie du désastre entre mes côtes et elle pèse le poids d’une lumière fanée. L’ignorance n’arbitre rien ni du délai, ni de la patience. Elle s’active dans le paraître de mon âme vidée de son contenu. Le choix est réduit à un simple hoquet qui me fait sursauter. Il n’y a aucun courage à avancer malgré la tornade. L’immobilité se désintègre dans l’absence. Ma mémoire est une aurore boréale et je couronne le cercle qui s’échappe de nos identités gazeuses. Un halo précaire fredonne des comptines inapprivoisées mais la marelle s’est effacée. La musique du souvenir trompe la valse migrante vers l’inconnu. D’un amour plein et total, il ne reste qu’une architecture désuète. Un brin de paille accroché sur un croissant de lune.  

Je sais que lorsque j’aurais réglé tous les conflits avec la vie, j’accéderais à la mort avec la souplesse de la sérénité. Chaque plaisir accompagnera la joie qui a mûri dans la chair. Des étincelles plein la tête berceront la veillée qui s’accomplit par delà l’ornière du quotidien. Dans mes rêves, cette nuit encore, je t’ai encaissée plein cœur et je t’ai déballée de ma mémoire perdue comme un émerveillement.

Lorsque je te vois, tu es en retrait. L'absence que je porte comme une fausse fourrure coupe ma vie en deux. C'est le plus inexorable de mes actes. Pourquoi simules-tu la clôture et l'unité ? Je ne sais plus où se situe le verbe être. Je suis à chaque fois l'ultime forme du franchissement. Je crève doucement dans la proximité qui précède l'Approche. Opposeras-tu longtemps ton inertie aux injonctions de mon manque ? 

Je colmate l’inconnu qui me happe avec des brindilles de colline et des anecdotes parfumées. Je rampe dans la boue du sentiment et je bois l’eau qui recouvre la plaie. Existe-t-il autre chose qui puisse dépasser la pensée ? Je suis et je reste cloué au vide qui m’embrigade. Je participe à son scellement avec l’air désabusé et la cognée de la lumière qui s’évente devant moi. Le vide absorbe aussi sûrement qu’une ventouse d’amour dissolvant les nuages. L’amour a mis son pyjama, je ronfle dans une ivresse perdue. Quand je dors, l’alcool dépoussière la nuit de sa robe d’enfant. Elle brame son délabrement à n’être que du noir. Elle convertit la lumière en brûlure et laisse bailler la dictée d’un autre monde, d’une autre tempête.

Tout devient stone. C’est la foire aux délits, l’empoigne des contradictions, le cri démuselé des étoiles consternées. Mon cœur est une rue, mon âme un cimetière. Des fleurs en plastique ornent les allées. Mon cœur est un tourbillon où tes yeux balancent comme des girouettes placées au-dessus des portes et des fenêtres. C’est la rade aux noyades, le débarcadère aux prières que rien n’a exaucé. Je ne me prive plus. Je suis un autre. J’escalade sans corde la falaise de l’hiver et je grimpe plus haut encore, les yeux rivés sur le grand métronome. Le temps me bouffe, l’heure est dans un circuit à double sens. Tout est stone et je glisse comme une marée se retire du sable qu’elle tenait dans la gueule. 

 

 

- Bruno Odile - Tous droits réservés ©

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