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LA COLLINE AUX CIGALES
19 septembre 2013

Amour invasif.

imagesCAP0SWVBEau stagnante, gousse d’amertume, le monde figé se répand sur les rêves d’enfant jusqu’au crépuscule saumâtre. Le cœur domestiqué par la tragédie de la perte et par l’asservissement de l’amour à blanc, mes échappées sensibles ont tenu en échec la sordide réalité. Dans les hauts fourneaux de la mémoire, la liberté ne s’est pas enflammée. Le présent qui mutile encore ma chair désoriente ma pensée. Mais, aussi aimantée qu’une boussole, je demeure happé par les pôles. Ma pensée est une langue sensible.

Rien n’a pu, à ce jour, compenser la médiocrité du quotidien de mon cœur. Et pour reconquérir ma liberté intérieure, le déferlement d’excès, les archipels des ténèbres sont proscrits. L’amour est invasif, il supplante les piètres images du souvenir dont j’ai parfois la faiblesse de me contenter. L’urgence de la survie décharne l’obscurité de toute servitude. La langue dénaturée de ses substances aromatiques, je me nourris de ce que j’absorbe.

Je suis occupé. Sans faillir, ma respiration prolonge le ratissage des fonds de rivière. Tu es là ou bien tu n’y es plus. Mais, l’espace s’active à reconstruire les traits du jour. Tout est dans la fraction. Les heures moulues libèrent un jus de chaussettes noirâtre. J’ai le goût des herbes sèches sur la paroi de mes joues. Ma langue joue les moulins capricieux dans le désordre grincheux d’une anatomie en pagaille. Tu m’aurais sans doute espéré autrement.

Je flâne et je renifle. Rien ne soigne l’âme à la dérive. Il faut enfin ne plus se préoccuper de soi pour voir s’incruster les broderies de l’azur que d’autres vies portent sur leurs langues et dans leurs yeux. De la neige résiste sur les hauts sommets. Le mariage du soleil et du blanc est aveuglant.   

La résonance trouble. De petits bruits iconoclastes tintinnabulent sur le miroir de l’émotion. Tout est devenu si grand qu’il semble impossible de trouver l’apaisement dans le refuge de la nuit. Mon corps boit à la rosée, c’est dans le crachin enveloppé par l’embrun que j’abandonne ma chair et mon sang à l’épreuve de l’oubli.   

J’entends augmenter la cadence des ombres de proximité. Je suis hors jeu. La roue qui tourne n’entraîne pas le hasard jusqu’au point de rencontre. Nos mains sont restées sur le rebord des oubliettes où quelques lueurs éclairent encore les pages blanches qui envahissent l’espace. Nous avons gâché la fête avant même qu’elle n’est lieu. Pour ne pas déplacer les ruines attenantes aux marches impromptues, nous avons bâti un crématorium à l’angle de chaque rue. Nos trottoirs sont de la même hauteur que la route que nous poursuivons.

Nos écluses s’ouvrent et le vent balaye nos surfaces. L’eau qui s’en va court rejoindre l’immensité.   

 

 - Bruno Odile - Tous droits réservés ©

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