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LA COLLINE AUX CIGALES
20 septembre 2013

Je dors dans les bras de la tentation.

imagesCAMUGBCXDeux seins de marbre croisent deux saints de glace. Il givre des heures sans chapeau, des horizons sans ligne tracée d’avance. Et nos cœurs fredonnent l’hymne à la joie avant de disparaître. Nos mains se plient comme des gants usés, nos lèvres broussent comme une gelée matinale se transforme en gélatine. Nous convolons à l’intérieur d’un paradis blanc et nous nous perdons dans le regard du monde. Si nous devions renaître à cet instant, nous serions déjà éreintés par le chahut de nos ombres éphémères. Tout passe, file et s’effile et nous restons blottis derrière dans le creuset du fossoyeur des amours mortes. Dans la fosse ouverte au ciel des petits jardins à entretenir.  

J’ai confiance en l’intuition. L’inspiration est le berceau des projections secrètes, le souffle irrationnel qui nous révèle à la sensation d’être. Et, je braconne interminablement à la lisière de ce Cap de bonnes espérances.

Je suis un détroit et tout ce qui passe entre mes berges entend le frémissement du vent glacial qui disloque ma terre. Je cherche le lieu où l’ombre s’épuise pour nous rétablir dans la lumière. Aujourd’hui, je m’appelle buée et crissement d’air. Mon amour et le temps sont inconciliables. Entre le vrai et le réel un pont oscille au gré de la déchirure devenue une tumeur béante. 

Aujourd’hui encore, je déambule dans un théâtre de marionnettes fantomatiques où la mort n’est plus l’ennemie. Au contraire, elle me veille. Sans éventrer ma chair, elle la parcourt en quête d’une défaillance. Elle marche à l’intérieur de mon corps comme une fumée blanchâtre traverse la surface d’un lac perdu au cœur d’une forêt. La mémoire a débordé la nausée lacustre où s’empilent de vieux rêves chiffonnés. Des pleurs et des rires entrent par la fenêtre et ressortent immédiatement. Ma pensée, sans corps ni lieu, flotte dans l’eau qui bouillonne au bas du ravin. Je dors dans les bras de la tentation. Une odeur acide est restée suspendue au désœuvrement de la terre. L’aube souffle sur des reliefs inaltérés. L’agonie de l’eau s’est métamorphosée en une poussière dure. Les chemins délaissés sont envahis par les herbes et le brouillard.

Tu es ma sentinelle. Ce que je ne peux plus voir dans tes yeux, je le découvre en buvant l’épaisseur de la brume. Les mots qui viennent dans ma bouche sont accoudés sur la paroi glissante de ton cou. Je les entends murmurer tout bas : « Jamais, nous ne céderons ! ».

Ne faut-il pas dérider les parfums des moments heureux pour ensuite les plier dans nos chairs ? L’attente qui n’improvise pas un rêve se dissout à la lumière.

 

- Bruno Odile - Tous droits réservés ©

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  • Dépotoir et déposoir de mots, de pensées... Ici repose mon inspiration et mon imaginaire ; une sorte de maïeutique effrénée et dubitative et il me plait de pouvoir partager à qui veut bien.
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