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LA COLLINE AUX CIGALES
5 août 2013

Nos vies sont des lumières tremblantes.

Une_femme_s_essuyant_Antony_TroncetDes tas d’autres poèmes restent à dire et à écrire. Un poème, c’est un bréviaire nu rassemblant la parole du monde dans une seule salve. Celle qui traverse nos corps et nos pensées. Celle qui s’immisce comme une lueur dans le noir, celle qui dit et qui parle la langue des étoiles. 

Ce qui vient à nous sans que nous allions le chercher, le poète l’entend dans ses songes. Il est le traducteur du mystère. Il entend le silence qui déloge l’air du trou qu’il occupe. Il est l’écho que nul autre ne ressent. Et il sème des mots comme un alpiniste fait des gammes d’escalade. La vie grimpe et s’envole. 

Et toi, tu es là.

Une présence clandestine souffle une intimité cachée qu’aucune voix ne traverse. Une forme de liberté occupe les espaces impossibles. Un oiseau passe de branches en branches sans raison. L’infini se mesure à lui-même. Et derrière un fagot d’embrun, ton visage fait fondre la neige qui chante le ruisseau. Ton silence murmure mon éternité comme les clapotis d’une source fraîche. Le calme épuise la violence de l’air. Tes yeux tanguent sur une balançoire et ton sourire repose sur un banc au milieu du jardin. Quelque part, une récréation n’en finit pas d’alléger les coups de marteau du temps.

Nos vies sont des lumières tremblantes. 

Nous nous retrouvons toujours après l’assaut des mots. Ils sont le souffle des pensées ruminées dans nos cœurs. Les ailes de l’amour nous portent plus loin. L’illusion persifle des raies moqueuses. Les astres sont dans les ronces. Nos mains deviennent peu à peu des orties urticantes. Mais qu’importe ! Je te cueillerai à l’envers et les épines baisseront leur tête. Le silence s’appuie sur nous comme un guéridon à cinq pieds. Le vent défait ses nœuds de bouline et ma langue crisse sur du feu. 

La patience est toute entière blottie dans les frasques du jour. Un matin à gorge pleine roule sur l’alphabet des herbes tendres. Les bottes du soleil écrasent les ombres. Tout doucement une poésie nouvelle effleure l’enfance du feu et nos lèvres muettes mastiquent le vide où pousse un coquelicot.

Définir, c’est restreindre les limites. Oxymores latents au bout des langues écrites, le mot est une bouche de lait sans compromis. Entendons-nous bien : le lait est cette herbe verte devenue ce liquide blanc.  

Une seule poésie me touche, elle est irrationnelle. Dix mille font vent. Cent mille font tempête. 

 

- Bruno Odile -Tous droits réservés ©

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  • Dépotoir et déposoir de mots, de pensées... Ici repose mon inspiration et mon imaginaire ; une sorte de maïeutique effrénée et dubitative et il me plait de pouvoir partager à qui veut bien.
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