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LA COLLINE AUX CIGALES
4 août 2013

Une joie diffuse.

Transition_in_Rose_2011_Aaron_Westerberg_Private_CollectionDe ce côté-ci du jour, il me semble voir l’amour cloué à l’abstinence sur une croix inoccupée. Plus rien ne se soulève et des frissons immobiles restent suspendus au manteau de la tristesse épuisée.

Et puis, à présent, la joie m’étonne. De noirs soleils sont restés sous l’eau du lac. Je te vois lointaine et proche et ta forme veuve se délivre d’une présence d’os mélangés à des racines de gentiane. Une joie diffuse devance mon souvenir et la détresse qui l’occupe. Elle rutile et s’empourpre de mes chaos devenus des lézardes et des rides sur ma mémoire. Dans le port à vestiges, des centaines de bateaux tirent sur leurs attaches en faisant grand bruit. La mer houleuse pénètre, à demi mots, l’enclave murée de ses ondes tourbillonnantes. Ma langue gorgée de sang lape un trou d’air au fond de tes yeux. La joie brille comme un enfant stupéfait s’émerveillant devant son premier vélo. Je la pressens, puis la touche comme un rêve trempé, comme un feu presque éteint. Un funambule dans l’invisible miroir du temps qui se déhanche et hoquette pour éviter la collision avec le réel. Car, il me faut être vide pour maintenir l’équilibre.

Ma joie restructure ce qui a cogné. Elle m’émancipe. Elle reconfigure l’inéluctable tragédie de vivre sans toi en reversant de la saveur sur les heures bleues qui déposaient un peu de ciel dans nos bouches. 

Dans notre hangar de privilèges, les lucarnes reçoivent la lumière et ta voix vient chanter à mes oreilles. C’est l’heure du goûter et nous tartinons notre pain de confiture. Tes yeux grondent de plaisir. Tu joues et m’entraînes aux bords de tes nuages. Il fait doux. Ce n’est plus le monde qui nous tient, c’est nous qui lui dictons nos fous rires. Nous promenons dans les vergers aux abords de notre maison d’enfance. Nous espérons retrouver les branches sur lesquelles nous grimpions pour nous y asseoir et rêver. Et lorsque, légers comme des cheveux d’ange, nous sommes à l’intérieur de nos murmures, c’est la joie qui nous rebaptise de son parfum sucré. Nous voilà transformés en des chevaux sauvages galopant sur la plage des Saintes-Maries-de-la-mer. C’est la course au bonheur.   


 

- Bruno Odile -Tous droits réservés ©

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