Si tant est que le désir loge la parole.
Ecrire et écrire pour t’arracher au corps céleste
Grappiller un peu de pain pour les oiseaux
Magasiner dans la boutique à mots
Sortir du rêve pour en construire un plus voluptueux
Ne plus se rappeler, et laisser courir les images
Ne rien retenir, le calme du matin sous la casquette
Ne rien voir et ne rien entendre
Ton cœur endormi sous ma peau
Je m’efface dans l’allée blanche
Ta voix dans l’ombre charnelle
Mon sang comme un ruisseau occulté par la mémoire
Nos vies et nos morts suspendues
Au fond des heures dévorées par l’attente
Rien ne bouge plus que ce cri lointain
Que l’enfance redoute et que l’existence plie
Comme un drap qu’il faut ranger dans l’armoire
Mon regard est une pensée enfouie
Sous l’embrun des tristesses mortes
Les sens hauts comme des lustres
J’avance sans le savoir
Tes mains posées sur ma bouche.
- Bruno Odile - Tous droits réservés ©