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LA COLLINE AUX CIGALES
11 mai 2013

Mes ailes sont des racines.

s5g3xeenLe bonheur provient par l’accomplissement du désir, mais je ne suis pas sûr, d’une part, qu’un même désir ne se représente pas plusieurs fois et, d’autre part, qu’un désir ne soit pas tout à la fois souhaité par le corps et l’esprit en même temps. Je refuse d’être à la merci d’une accumulation de souhaits non étanchés. Cependant, l’ardeur est parfois souveraine et mon esprit capitule. Le libre choix se soumet à l’exaltation de mes sens. Je ne suis donc plus l’être pensant, mais un simple assouvissement contrarié ou pas.  

Le feu est sous la cendre. La clarté naît de la douleur que le soleil éprouve pour déployer ses rayons. Il faut savoir se donner raison lorsque l’on attend. Il est des courses sempiternelles. Il y a ceux qui courent, ceux qui attendent, ceux qui pensent que, ceux qui vont bien et tous les autres. On est toujours la représentation de l’existence que l’on a.

Il n’y a pas d’amour assez grand pour guérir toutes les carences de l’Etre. Il manque toujours quelque chose. Pourtant, sur le bûcher de l’eau, le désir s’enflamme d’une vague. A tord ou à raison, c’est le méli-mélo de l’imperfection qui domine et nous terrasse. La satiété existe seulement dans les rêves qui nous bercent.

Quelques pierres sur le bord d’un ruisseau apprennent la fraîcheur et je cloque comme une bulle sur le miroir de l’avenir. Demain, je renaîtrai dans l’enchevêtrement des porcelaines de l'aube. Si le hasard vient frapper à la porte, je lui donnerai un sens.  

Je demeure fasciné par la goutte d’eau qui glisse sur la feuille. Il y a un message dans l’équilibre précaire de la nature. L’ignorance se conjugue à l’illusion lorsque la défaillance et la misère nous privent de la lumière espérée. Ta mort n’est plus cette obscurité où plonge la détresse, elle est devenue l’autre versant d’une seule véritable montagne en ce monde : l’harmonie. 

De quelle sagesse pourrions-nous nous vanter ? La sagesse n’existe pas. Tout au plus, nous convenons de faire l’impasse sur un désir particulier en nous convainquant que c’est mieux pour nous et pour notre devenir. Nous fabriquons ainsi des nœuds à l’intérieur de nous-mêmes. Leurs poids dépendent de notre appréciation vis-à-vis du manque ou de la carence qu’ils peuvent signifier.  

J’ai faim et le régime que je m’impose n’a de sens que pour la raison qui l’a souhaité. Je mange comme un goinfre et mon corps pâtit d’une surabondance. L’équilibre n’est pas une simple convenance, il devient impératif pour tous ceux qui ne veulent pas marcher sur la tête.  

Faut-il altérer sa soif, sa faim, son désir ? Se soumettre à des règles élémentaires d’hygiène est souvent une contrefaçon à nos instincts. La gloire de l’Homme repose alors sur l’emprise qu’il a sur lui-même, sur l’ordre qu’il réussi à conserver, sur son autonomie lui conférant une suprématie sur ses actes. Mais que devient la notion de bonheur dans tout cela ? Faut-il céder aux diverses tentations qui nous appellent ou ne s’autoriser que celles qui nous semblent être équitables ? 

Dois-je également me satisfaire de petites joies alors que mon appétit est gargantuesque ?

Sans une foudroyante introspection de nos cicatrices existentielles, il est improbable que nous puissions nous développer avec la pleine rassurance d’un corps bien fait avec une tête bien pleine. Par l’absurde, je dois admettre que l’opposition éprouvée se situe entre ce que je veux et ce que je n’obtiens pas.

Que dois-je faire du libre espace demeurant entre ma conscience et mon imaginaire ? Dois-je m’affairer à rêver l’existence que j’aurais pu avoir ? Rien n’est moins sûr. Alors Heureux ?   

Mon désir ricoche sur le souvenir. Enfoui dans mes entrailles, il remonte à la surface pour se mettre en mouvement face à mes évidences. 

Je suis né de la rivalité entre l’absence et l’altérité. Comme l’on bredouille un récit superfétatoire. Comme un effacement laissant place à ce présent de papier venu de nulle part. J’ai la peau rouillée à force d’être poncée. Tuteur déglingué par l’affrontement, mes ailes sont des racines.

  

- Bruno Odile - Tous droits réservés ©

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