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LA COLLINE AUX CIGALES
24 avril 2013

Chaque bulbe de toi est un morceau de solitude.

91915892Ne vas pas croire, il n’y a rien de serein dans l’amour. Il est une bataille égrenée de violentes douceurs et de déchirements. Aimer n’est pas une sinécure. Cela nécessite l’effort suprême de soi : se dépouiller et renaître mille fois de mille parfums différents.

Aimer, c’est affronter les contradictions qui affluent sans relâche dans la précaire unité de l’être authentique. C’est le bouleversement indispensable qui nous fait prendre corps là où toute la terre ne serait qu’un désert irréductible. 

Aller à la rencontre de soi est déjà un chemin tortueux. Aimer, nous offre de partager ce sentier, cette route alambiquée. La douceur d’une nuit d’amour est ce moment blanc et pur où l’unisson revêt les couleurs de nos enchantements et de nos vulnérabilités.

Nous sommes tous des êtres fragiles et périssables. Trop souvent retranchés derrière des morales éculées, une éducation castratrice et derrière nous-mêmes transits d’effrois. Pourtant, tendre son cœur est comme tendre la main. Il suffit de presque rien pour que les âmes se fondent dans les corps avides de tendresse. Vivre est une débauche d’énergie qui enflamme l’heure précieuse de l’émotion transcendantale.

Il est venu le temps des arcs-en-ciel saupoudrés de la neige épurée sur des rives blanches. Il est toujours temps d’accoucher la vie qui trésaille en soi, de la partager dans l’unité du ressenti. Le moment irremplaçable demeure celui dont on a la sensation qu’il est exclusivement le nôtre.   

J’ai supprimé ce que j’ai perdu après le combat et le sanglot. J’ai écarté de moi toute réalité autre que ma propre perception. Détaché, je cours et j’œuvre dans la perte comme dans une esquisse légère. Me voilà face à moi-même comme un marron dans sa gangue. Dans la chute de l’arbre, ma coque s’est brisée.

Je ne suis pas vraiment seul. Des crèches fanées remplies de cristal ceinturent le temps qui nous a dépossédés. Je suis un peu de bruit dans la gorge du silence. Une bulle d’eau à l’intérieur des yeux. Je suis une blessure qui se recoud dans la permanence artificielle d’une jouissance refermée sur elle-même. 

Chaque bulbe de toi est un morceau de solitude. Il est un territoire hermétique, un monde clos que seul l’amour parvient encore à pénétrer quelquefois. Chaque représentation, chaque image broute aux âmes mortes. La fréquence des aubes arbitre les suées de nuit qui disparaissent dans le regard éclairci. Il faut faire tenir les heures dans la bouteille jetée à la mer et ne plus rien revendiquer. Chaque relent d’amour est une coursive piégée par laquelle transitent nos mémoires graveleuses. Nous régurgitons nos haleines vagabondes comme une crue s’accapare les champs de vigne restés sur pieds.

L’oubli réclame son obole, sa part de vie désastreuse, sa part de chair écarlate. Chaque inspiration est un souffle exilé des tempêtes humaines. L’air accompagne le vacillement et notre précarité s’entourbillonne au vent qui nous transporte.

 

 - Bruno Odile -Tous droits réservés ©

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