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LA COLLINE AUX CIGALES
22 avril 2013

Le monde s’est tu.

705816ccL’amour est toujours un outrage. Mes mots ne s’adressent à personne. Chacun est libre de les accueillir comme il les entend, de les moudre comme des épis de jouvence ou bien de les fouetter comme des grains de farine domestique.

Maintenant, je sanctifie les parfums de tes yeux où vont mourir les crépitements de mes manques. Un feu embrasse les remparts qui t’entourent. Les flammes virtuelles de bleu et de rouge vif se traversent de chaque voyage qui me conduise à toi. Le réel n’a plus de prise sur ces navettes silencieuses. Seule l’émotion nue a besoin de l’étoffe tiède de tes lèvres. Un suçon de rêve colle à ma poitrine. 

Quelque part, l’aveu du jour que je tiens pour une vérité inoxydable s’effondre. Tes cils sont baissés. Ils sont rasés, paupières déshabillées, une fine chair suffit à cacher le monde vivant. L’arbre de sable mélancolique poudre l’unique saison adossée aux paysages sans retour.

La terre s’escampe dans le noir souverain. Un marchepied pour l’air, un soleil outre limite. Derrière la porte, une vie écoute le bruit incessant de la nature qui se décortique.

Une étincelle meurt dans le sable mouvant.  

Nos langues sont redressées comme des pics de montagne, une léthargie du roc solidifie ton absence. La béance sur le comptoir, plus rien ne traduit la forme désossée de la pulsion restée derrière le rideau. Dans son abattement majestueux, le vide survit dans l’érection liquide où la pensée le précipite.

Ce qui s’enfuit bouscule mon regard. Assiégée de sel, ma bouche ressemble aux salins de Camargue. Un cheval blanc, crinière au vent, galope sur la plage et tout un paysage s’effondre derrière les dunes. 

Le monde s’est tu. Il a grossi d’une tempête inaudible. La chair de la lumière déchiquetée s’évapore doucement dans le blanc. L’évanouissement soudain de toute âpreté diffère le recul de l’iode. La pègue sur la peau épluchée alourdit l’air qui s’éloigne. Le temps se dissout dans la suffocation. Ton regard imprègne l’ombre froide. Plus loin, des marins s’exténuent à ramener l’île de la providence dans un fond de cale. Mais la terre refuse de bouger. Elle préfère se noyer. 

Hier s’éclipse à voix basse. Un amour aux frontières du réel tire sa révérence. Chaque port de pêche compte ses morts. La mort, elle-même, disparaît sous l’embrun recouvrant les stèles commémoratives. Un crachin purine la morosité qui s’installe sous l’olivier. Les fruits pourris tombent, l’arbre reste.

 

 

 - Bruno Odile -Tous droits réservés ©

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Commentaires
A
Les fruits tombent ... Mais renaissent aux saisons prochaines. Là est une splendeur de la vie.... Un éternel renouvellement plus qu'un effondrement. <br /> <br /> Bien à vous.
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