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LA COLLINE AUX CIGALES
16 février 2013

L’heure est une auge vide.

imagesCA2ZQC03Pourquoi ne pas vider les étoiles de leur lumière ? L’amour serait-il l’enfant de la mort qu’il serait le berceau indéfectible de la vie ! Ton départ a destitué la règle paresseuse de la fatalité. Chaque fois que je me retourne, c’est le sens de ma vie qui prend un autre visage. Mon feu brûle les fagots de mes incompétences. Mais après tout, un peu d’imperfection ne nuit pas à la beauté sombre du souvenir mort. 

Le temps se foudroie lui-même dans un cœur recouvert par le sanglot des anges. Dans le sang de ses heures, l’obsolescence berce le chagrin et nos grimpons sur des tours imaginaires, nos fouloirs agités par le vent. Tout ce que nous avons pensé est une fumée où les images défilent à vive allure. L’heure est une auge vide, une tasse de porcelaine qui se brise dés qu’on l’effleure. Le temps consacre à mon amour chaque seconde où la volonté se concentre sur sa chute. 

Quitter ce monde, dans un orgasme. Comme l'air qui se perd dans le vent. Je suis sûr que la vie est dans le souffle. Dans la jouissance qu’il y a à sentir le monde. Je fais la course avec l’écume de ton corps et lorsque je viens le premier, il m’arrive d’entendre tes cendres chanter. Rêver l’instant précédent et y cueillir le suivant. Je ne connais rien d’autre que cette minuscule poussière d’amour qui me traverse.

Un front bleu délimite mon regard. Dans ma chair, je sens le frêle silence que tu occupes. Je vis ta disparition comme le soc de la charrue éventre la terre et la prépare au mariage avec le soleil. Je me sépare des cadences infernales de l’oubli. Je dors à l’intérieur de ton sourire. Il résonne comme un ruisseau où se réveille la clarté. 

Je n’écris plus pour délivrer la mémoire. Ma parole trace des signes sur l’air pour mieux pénétrer l’angle dans lequel tu t’es blottie. Écrire, c’est se désapproprier du feu qui est en soi. C’est s’abandonner à l’air, c’est outrepasser le cœur d’une tempête, c’est se résumer dans le souffle fluide de l’émancipation. C’est se jeter hors de soi avec la furieuse envie de se sentir plus léger. 

Le silence abdique sous l’autorité des émotions fougueuses. Je n’écris plus pour te dire mais pour exulter de moi la graille tournoyante de la puissance qui me ronge. J’écris de la même manière qu’une note de musique grimpe le manche d’une guitare avec la main d’une hache. 

L’heure qui monte, l’heure qui descend. Et toi. Dans mon panier d’écriture l’encre ingrate s’évapore peu à peu. Les fuseaux horaires de la parole décalent le présent. Je suis intimidé par la pulsion narrative. Et puis, l’instant nacré d’amour remonte pour survoler le langage qui lève l’ancre. Ton visage moulu dans la cendre blessée durcit l’estocade aux pieds des mots défiant l’écriture.

Écrire, c’est s’effondrer. Mon récit est dans la poussière au fond du sac. Tu le ramasseras, peut-être. Son jus coulera dans ta bouche. Alors, le silence reviendra comme un rasoir sur la page vierge.

 

 

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