L’obscurité vacille.
La solitude ne fait pas de distinction
Au fond des mines désaffectées
L’ombre est une silhouette perdue
Sous le tamis des heures de poussière
Ton corps filtré s’épuise à rassembler
Les fines particules de la mémoire
Tes mains viennent tremblantes
Où la pluie a cessé son charbonnage
Frôler le jour qui s’est éteint
Je dors dans cet éventrement
Echouée comme l’étoile filante
Vaporeuse et lactée qui file
Sur les chemins des brumes sèches
Tu griffonnes la chair émue
Qui se loge entre mes bras
Puis la terre recoud ses faiblesses
Et dresse ses moulins
Pour tarir la marée lointaine
Des arômes engourdis fléchissent
Et déploient les parfums métalliques
Sous la pression de l’enclume
Le feu et la rouille chargent l’air
D’une substance filandreuse
Que la parole recrache
Avec le tutoiement de la neige
Enrobée sous les paupières de l’hiver
J’ai les os décalcifiés
Devant nous le chemin a mûri
Notre marche est un flocon d’avoine
Sur le seuil empâté d’anciennes blessures
Nos langues liées comme des lianes
Transportent l’embrun jusqu’au blanc
Soupir des lagunes désertées
Le silence est promis à l’union
Désemparée de la brèche
Où s’effondre le jour mal désaltéré
Des limons bleus sont restés
Enchevêtrés sur les contours
D’une coupe vidée de son vin
Nos poitrines flottent sous les draps
De longues nuits accoutumées aux récits
De nouvelles caresses infructueuses
Déposent leurs grimaces tordues
Sur la gerçure de nos lèvres
Du givre illumine nos rêves brûlants
D’une aube inaccessible
Ton cri est une porte ouverte
Sur la saignée où s’écoule
Le mot dit, le mot prisonnier
Sous l’écoutille de plomb
Que nos racines peinent à soulever
Te dire je t’aime relève de l’émotion
Piégée dans l’empreinte éblouissante
Où chaque aveu hurle ton absence
Comme une charrue déchirant le vertige.