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LA COLLINE AUX CIGALES
23 septembre 2012

L’air qui dévale.

jrrreb4qJe m’étonne toujours de me retrouver dans tes yeux, oubliant que c’est moi qui te regarde. Il n’y a pourtant pas d’empreintes que la lumière ne sache réfléchir. Pas de mots que la parole ne puisse faire valser comme des poupées inanimées. Le bleu du ciel se dilate, l’heure est pliée comme une flèche dans une sarbacane. La douleur comme une cigale se réveille l’été. Il faut sans doute hausser la température pour que l’orgueil disparaisse. Le langage est une chapelle d’artifices et l’amour une chute désespérée. 

Nous irons où la poésie nous construit et nous déconstruit. Dans l’antre blanc du noir torride. Dans la main de l’eau qui s’ouvre à la couleur servant de gorge. Rien d’autre n’existe que le tumulte suivi de la révolte. Toi et moi, nous sommes la prière de paix au-delà de l’Angélus. Celle qui monte et descend à l’intérieur de nos corps. Celle qui nous rabiboche au réel. Rien de matériel ne nous appartient jamais. Nous sommes des voix dans la cohorte des sons. Nos chants vont à la musique que l’air transporte. Il nous faut parler aux hirondelles avant qu’elles ne partent. Nous ne sommes pas mûrs pour la science des choses. L’air nous dépasse : il prend nos formes et dévale d’un lointain ouragan. 

Dans le doute tout est possible, il suffit d’avancer les yeux fermés devant le risque. Chaque hasard est une pétition qui remet en cause l’ignorance. Parfois la pureté vibre avec la cloche matinale et la lumière se répand comme le doux murmure d’un rouge-gorge. 

Un instant, j’entends grelotter la discrétion branquebalante de l’évanouissement. Je voudrais tout effacer, tout gommer, reprendre le souffle de la craie sur le tableau. Je voudrais douter en étant sûr que l’écriture reprendra, qu’elle recommencera à inscrire en lettres droites et régulières la cadence des mots sortis de leurs larves. J’attendrais les yeux baissés, l’haleine ralentie, qu’un signe nous appelle. Mais il sera trop tard, et le poison des certitudes fera son office. Alors, le doute, comme un tombeau inexorable, ouvrira sa porte. Et la mort formelle planera au-dessus des grimaces comme un nuage dessinant des visages, des milliers de visages, connus et inconnus. Une harpe fragile sera sous mes paupières et les étangs asséchés offriront leur lit de sel aux oiseaux. Tous les sarcasmes se dilueront dans la poisse de l’heure tombante devenue une fièvre qui engourdit mon cœur.  

On entendra encore quelques mots comme les dernières salves d’un dépôt de munitions en brûlis. Un dernier écho de résistance opiniâtre dans le ciel oublié des promesses furieuses. Il se lèvera en bombant le torse puis s’effondrera comme disparaît l’oasis où je t’ai revue. Et le vent dans son combat contre le mur immobile portera la dernière estocade. On entendra claquer les portes du cimetière, on écoutera une chevauchée sauvage galopant dans les marées. Nous marcherons dans la véracité des cris, des paroles et des morales, ni repus, ni affamés, dans l’indolence des rigueurs sans leste. 

 

 

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