Du coton se perd dans le vide.
Le film noir des boucliers du ciel se dissipe. Faut-il être aveugle pour voir ? Je deviens aveugle pour vivre. Les ruisseaux de la clarté oppressent la buée. Toutes les gouttelettes finement plaquées sur le jour obstruent la respiration du soleil. La réalité transfigure toutes mes pensées. Elle se dresse droite comme une phalange de doigt. Elle se dresse entre toi et moi. Elle domine. Même tardive, elle chuinte les rêves, s’incruste dans les mots. Elle parle sans moi.
Partout, la nuit conserve une fine couche de l’éclat du jour. Le noir bouquet des songes se rapproche inexorablement de la lueur inscrite dans l’éternité. Ce que le jour a refoulé, la nuit le déleste. Ce qu’une vie a construit, la mort s’en délecte. Ce qu’un cœur a tenu dans ses mains d’opale tendre forge l’air qui poursuit sa route. Femme de coton devenue aiguille de lin, tu perces la chair qu’il me reste. Tu es l’exclusive de la perte. Le deuil habite ton prénom et tu m’obliges à l’exil. Je m’enfuis d’une peau trouée pour me blottir dans la parole abusée. Je ne reviendrai à l’heure du déclin qu’après avoir brûlé mon chagrin.