Herbes du matin.
Le noir de la terre sillonne l’aube qui se hisse
L’heure est fatiguée, elle manque de sommeil
Une première lueur s’est posée sur ta joue
Où danse sur de la boue un pitre en demie teinte
Le jour se lève, il a les lèvres froncées
Par le recueillement des arbres qui l’accueillent
La nuit ne s’est pas encore démaquillée
De la buée glisse sur le bord de ses pieds
Une ronde pelure veille au-dessus des marais
Tes mains baillent au réveil des vagues qui t’immergent
Je suis attaché à un tesson de verre perdu sur le sable
Un rayon de soleil naît de tes lèvres
Et je sens germer une loupe dans mon cœur
Dans mon sang, j’interdis ton silence
L’absence lointaine donne toute sa présence
A ton nouveau visage recouvert d’ondées mutantes
Chaque jour prend le temps de sortir de sa peine
On suit sagement sa trame dans sa volière de blanc
Et puis, c’est la pleine lumière, le bleu intarissable
Et, tu as replongé dans les chemins de l’ombre
Derrière la porte, un pavot grimpe l’obscurité
Le vert tremble comme une feuille de térébenthine
Mes larmes sont de la sève gorgées de sucre
Elles viennent à l’air chercher le repas de la blancheur.