L'ennui n'est pas ton nom.
Là où je vais tu vas, là où je suis tu es.
Il n’y a personne dans l’ombre.
Ton souvenir est une chanson,
Un cyprès dans le vent,
Une nuit où dansent des bougies.
Là où je dors tu es noire comme du charbon
Là où je pleure quelques gâchis,
Tu es une pluie fine et ruisselante
Comme un murmure d’eau
Dégouline le cristal des songes
Chaque copeau de gaîté nous effleure
Chaque embrun joyeux nous désaltère
De l’innocence nouvelle et nous déshabille
D’un silence sûr
Quelques poignées de sable
Mûries au soleil comblent l’abîme qui nous sépare
J’oublie parfois ma langue
Cette aiguille pointée sur les mots
Et je touche la lumière qui passe sur tes joues
J’oublie qui je suis et ce que je fais
Sur le fil du vide marche un cœur amputé
Comme beaucoup d’autres
Et moi je m’y accroche
Comme à une rampe
Où la fusée d’amour va perforer les peaux
Toujours au bord du ravin qui hypnotise
Toujours cette béance qui attire,
Ce trou qui convoite le chagrin perdu
Comme un bijou manquant dans le tiroir du vide
Dans l’exode du secret de toi
Les poèmes fâchés avec l’épine des roses
Maintenant les mamelles de l’air
Insufflent à la marée montante
La rosée de sel qui colle les voiles
Certains disent que tu n’es qu’un souvenir
Un lambris de pin suspendu
Au phare des absences
Et pourtant chaque respiration
Porte avec elle un peu de ton sourire
Un peu de ton silence mélangé à ma solitude.