Typographie prés du feu.
Parfois, je tire à moi la couverture du crépuscule
et je m’asperge de la voix qui remonte de tes images.
Tu es présente, toute proche, vibrante.
Sans que tes yeux ronds,
véritables boules d’agates étincelantes,
ne rompent avec le bruit de verre brisé
qui tintamarre sous ma langue.
La longueur du temps
nous rapproche à l’instant évanoui
qui se réveille dans la poche sombre
où chute le jour embretellé aux miroirs de nos ombres.
Dans la couenne de la tendresse,
l’ogre du souvenir dépenaillé dépeuple la solitude.
Je ne suis plus seul à errer sur le bitume.
Les murs ont des anses et mon panier porte les briques que nous avons rougies.
Je me consacre à la marge où se retire la marée des heures turbulentes
et je ramasse les coquillages restés collés au sable du souvenir.
Il y a une infinie douceur dans la cendre larmoyante.
Ma voix mange l’air et je retourne à la violence du feu
comme un souffle fracturé disparaît à la lumière.
Mes yeux sont aveugles,
je ne vois plus ce que le manque a perforé dans mon cœur.
Ma voix est brisée comme une coquille d’amande.
Je me retourne à l’intérieur de mon corps où ton parfum s’évapore.
Je vole d’abîmes en abîmes,
je fugue comme une étoile filante se déleste de l’éclat.
Deux yeux imaginaires sont sertis au fond de ma gorge.
Le temps qui s’en va, roule comme une pierre.
Il suffit à emballer toute une avalanche.