-- R008 --
Tu te retires comme cela, un matin. Tu t’ébruites doucement comme une pensée s’éteint à l’arrivée de l’aube. Entre le songe et le réel. Tu me reviens comme une première image. Un visage dans son berceau. Avec tes signes et tes messages gravés à la pointe d'un roseau, dans le cœur de mon âme. Tu arrives comme un lierre bouclé sur la tonnelle d’un nouveau printemps, d’une nouvelle saison. Avec tes mots de cuir cousu et ton chant de sourires. Puis, tu repars comme un journal de bord s’envole aux foulées d’un vent capricieux. Ici, tout n’est qu’un paysage déplié sur l’horizon verdâtre des toitures de zinc où s’élancent des cohortes d’étourneaux survolant les pages raturées des regrets et des peines éperdues. Une pluie de plumes et de duvets dégringole du ciel donnant l’impression qu’une fumée rescapée de nos boussoles cabossée s’échappe aux quatre coins de nos abîmes.
Tu me reviens de cette marche innommable qui borde les frontières, à l’aveugle du senti, au seuil vierge de l'amour, là où tout a commencé, au premier jour d'écriture, au premier jour d’adversité du temps. Finalement, tu m’arrives de cette heure féconde, enfantée dans la certitude du destin. Tu m’arrives du miracle de l’amour, de ses solstices imbibés d’éternité. Encore des mots puisés à l’humanité saillante qui réclame de guérir. Tu me reviens toujours comme un poème inachevé, comme une lettre écrite de la main du chaos.