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LA COLLINE AUX CIGALES
13 février 2011

Semer dans le vent.

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Je suis né de la rivalité entre l’absence et l’altérité. Comme l’on bredouille un récit superfétatoire. Comme un effacement laissant place à ce présent de papier venu de nul part. j’ai la peau rouillée à force d’être gommée. Tuteur déglingué par l’affrontement, mes ailes sont des racines. Ma vie éméchée par l’alcool du vent, j’irai partout ; là-bas c’est chez moi. Ici, je passe.

Je voyage en moi pour te rencontrer. Les centaines, les milliers de sarcasmes qui résonnent comme des pipelettes sont d'une architecture déséquilibrée, aux formes extravagantes, avec des toitures et des chutes absurdes ou inutiles, et des fausses pudeurs. C’est la foi qui nous guide davantage qu’une conviction subliminale. La foi imbriquée à la l’origine de toute existence, ce je veux y croire inaltérable qui nous seconde en petite voix intérieure, ce mensonge d’éternité réduit aux miasmes découturés de la seconde qui s’émeut de son ingratitude à ne savoir durer. C’est ce que tu m’as appris de la vie et tu me l’apprends aussi par la mort.

Il m’a fallu reconsidérer. Reconsidérer les muscles du temps, son agonie persistante, ses vigies démoniaques et sa dureté implacable. Tu te rends comptes ? La mort dans sa puissance nouvelle m’a parlé jusqu’à l’étranglement. Elle m’a insufflé son discours de tunnel blanc, son creux et son vide strident déchus dans un arc-en-ciel où sombre tous les rêves de l’humanité. Je t’y ai rencontré. Je t’y ai deviné comme un oracle sans bouche. Image sagace et pénétrante, un rayon de toi a posé ses yeux sur ma misère.

Je rêve de tranches d’étoiles, de morceaux de lumière saupoudrée sur le verglas de la mémoire.

Une bougie dans un champ de marguerites illumine la terre. Nous sommes tout petits blottis dans l’ombre. Je vois l’arcade lumineuse au fond de tes yeux. Je suis dépourvu d’immensité, l’infini a la gueule d’un loup. Je ne connais pas ton rêve et je m’effondre aux pieds de chaque jour neuf en pensant : encore !

J’ai glissé. J’ai dérapé sur cet asphalte d’ombres graisseuses. Nous n’avions plus rien à dire et les mots étaient devenus des relais de composition florale. Un muguet dans la voix, une rose dans la gorge, un pétale de coquelicot sur la langue. Une moissonneuse batteuse au loin faisait chanter le blé.

Nous ne disons rien. Parce que le langage s’est envolé dans l’imaginaire, il flotte comme des images déformées par la buée de nos haleines. C’est qu’ici il fait froid, il fait un temps de neige et la température de nos cœurs ne cesse de grimper.

J’ai dix ans, je dors dans la bûche qui crépite, je rêve d’oiseaux et d’écureuils penchés sur le hublot du bateau qui m’emporte. J’ai cent ans et je dépucelle l’ardeur de vivre dans les escoubilles remplies de reliquats impénitents. Je n’aime pas souffrir de la beauté qui pleure, je n’aime pas dégringoler la paroi verticale de l’absence. Et, je cherche sous les pas du géant qui m’écrase les empreintes du souffle de l’enfance perdue.

J’ai peur en pensant à l’amour. J’ai peur de ceux qui disent je t’aime sans le penser ou sans le ressentir. J’ai effroyablement peur du pardon crucial où se reconfigure l’émotion lynchée et abandonnée à ses tourments. Est-ce que le tonnerre redoute, lui aussi, la foudre ? J’écoute jusqu’à être vraiment sûr, sans l’être jamais vraiment. Il pleut et fait soleil en même temps : c’est un temps de chiffon, un temps à se piquer l’âme comme l’on cloue sa foi en l’existence sur des planches qui ont déjà servies.

J’ai aimé sans mourir. J’ai aimé tes yeux noirs et tes boucles de cheveux en cascades. Ma sœur, ma similitude disparate, mon écart, ma doublure et mon reflet dans le seul miroir où s’emmure la fureur ensanglantée de la passion. Je t’aime dans la survivance immunisée de toutes parodies. Odile, ton prénom est un vaccin.

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Commentaires
B
Merci Jade pour ton passage et ton commentaire.<br /> A vrai dire, j’apprends à écrire et je m’apprends par ces mots lancés sur la feuille.
J
Même si la route est implacable quelquefois avec ses chemins escarpés vos mots n'en demeurent pas moins de magnifiques pensées ! Merci Bruno pour ce bonheur de partage !! (mon blog quant à lui reste dans l'oubli d'unes migration quelconque...)<br /> Continuez d'écrire surtout car vous avez du talent !!!<br /> Amicalement à vous
B
Quel est le problème bui ?
B
Merci à toi Ile pour ce regard et cette lecture fraternelle, je suis touché.
B
ça va, tranquille ? Je dois prendre ça comment ? Allez, comme un ---mage.
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  • Dépotoir et déposoir de mots, de pensées... Ici repose mon inspiration et mon imaginaire ; une sorte de maïeutique effrénée et dubitative et il me plait de pouvoir partager à qui veut bien.
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