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LA COLLINE AUX CIGALES
18 janvier 2011

Les yeux fermés… la tête sous un carton.

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Non, il ne faut pas seulement attendre… et laisser filer le temps. Il faut également retrouver la part d’étonnement qui foudroie la réalité brute et lui offrir l’horizon de son émerveillement renouvelé. Nous ne devons plus regarder pour voir, mais nous devons nous évanouir dans les yeux emmitouflés de la ferveur qui transcende. Régénérer l’idée que l’on se fait du bonheur en s’adonnant à la joie, n’est-ce pas se surhausser d’une ambition propre à nous libérer d’affables rengaines morales (sentimentales) ?

Les yeux fermés… la tête sous un carton. Se savoir seul dans son corps, seul dans nos peurs et seul aussi dans nos sentiments, ne suffit pas à être pleinement éclairé sur notre condition d’humain. J’ai compris que cette solitude était un outil de ma nature et qu’il me permettait d’accéder à toi sans aucun florilège, seulement de mon état à être, seulement nu de toutes arguties, seulement de ce que j’entends gronder tout au fond de moi.

Rien de la parole avec ses mots bien trop incomplets, rien de la pensée avec ses contradictions et ses reniements, rien de l’amour avec ses caresses inconditionnelles, rien de tout cela nous permet d’être libre comme le vent de souffler aussi fort qu’il le souhaite sur les paysages qu’il coiffe de frissons. Et moi, je te le dis, je veux être nu une dernière fois. Je veux économiser la nostalgie pesticide et foudroyante, la soustraire de l’accablement, lui donner un habit de lumière. Je veux la lustrer jusqu’à faire briller son miroir brûlant afin d’y faire disparaître en fumées blanches la conscience assermentée de l’une ou l’autre des raisons qui nous détachent de l’évidence d’exister par delà la souffrance endurée. Convaincu que la beauté est le lien commun de l’humanité des hommes, que la musique est la voix universelle de nos sensibles et que nos émotions sont des vérités outrepassant toutes les solitudes, et tous les silences.

Il n’y a de monde que nous-mêmes. Il n’y a d’existence que la certitude de nos faims et de nos soifs. La certitude d’être immunisé de la mort jusqu’à sa venue irrémédiable. La mort telle une immobilité relative, telle un décrassage de tous les abus, telle un précipice de l’inexistant condamné à la sérénité parfaite. Déshumanisés nos os doivent sans doute regretter leur moelle. Cependant, il n’y a de nostalgie que ce pain partagé dont on voudrait retrouver la saveur pour qu’elle soit intarissable, la ferveur pour qu’elle nous confère la possibilité de recoudre la béance de nos imperfections. Et toi ma douce partenaire, je t’ai rendu coupable de mon égoïsme à te vouloir telle que je te concevais dans la métonymie de ma logique éprouvée. Coupable de la nostalgie qui laisse croire qu’aimer conduit à se prosterner devant la disparition de l’être chèrement et obstinément conservé dans les bras de nos propres désirs. Coupable d’avoir cahoté de la douloureuse sensation que l’autre ne pourra jamais être en soi autant que nous le sommes nous-mêmes. Coupables d’avoir cru qu’avec toi il en était fini de la solitude massacrante du non-dit.


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Commentaires
B
Sedna : Le hasard est organisé, lui aussi.
B
Merci de ton passage Marmouille.
M
Merci pour cette réflexion paratagée avec les lecteurs. Sans mot dire, je songe...
S
IL n'y a de monde que le monde. Je préfère parfois sortir de moi même pour vaincre les certitudes et errer dans les hasards....
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