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LA COLLINE AUX CIGALES
16 janvier 2011

Il est des matins comme des vitraux gercés.

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Ce matin, la nostalgie se trémousse comme une passagère clandestine. Rien ne lui échappe, elle se glisse partout où la vie s’indiffère. Le chant des misères colportées par le vent se clipse et se grippe comme un boulon rouillé qu’on ne peut plus défaire.

Rappelle-toi la vie conquise dans le matin des brumes épaisses, dans le poivre feu des blessures hémophiles. Nos yeux perdaient leur lumière dans la séparation du ciel et de la lune.

Le chagrin en mouvement, c’est l’aurore qui s’ennuie du jour et son murmure déplié s’étale sur la mousse verte où se porte l’écume de nos anciens sourires. Nos voix sont séparées comme un chandelier sans flamme dans une pièce noire. Nos mains n’ont plus d’écriture et nous parlons le silence comme deux baies de misère gélives tapis dans l’ombre de l’oubli qui se souvient des gerçures.

Ce matin, mon amour, la glace est dure comme le plomb des souvenirs disgracieux qui nous secouent de la pauvreté de l’eau prisonnière du temps. Nos marées emportent nos pâleurs de mendiants sur une nacelle au milieu des astres endormis. Le sable frissonne et nos souffles sont des salins d’amertume qui crissent comme des étoiles que l’on dégrafe de la nuit pour les jeter dans la profondeur des mers.

La nostalgie déblatère de l’infini et son poids n’a de repos que la manche retroussée sur le bras du forgeron qui défait les chaînes et brise les ancres comme nos mains coupaient la tige des roses que nous nous offrions les soirs de pleine lune.

Tu t’avances vers moi comme des brindilles de temps récurent l’heure où nous avions planté des coquelicots sur les rives de nos ruisseaux de cœur. Aujourd’hui, l’aube sera tardive et nos lèvres ondulées comme des vagues iront dire adieu aux matins blêmes qui ne connaîtront jamais la douceur des baisers du soleil lorsque bât la vie dans la chamade de ses projets bleus, lorsque son ciel est empourpré d’audaces lumineuses.

Viens, allons percer le mur de nos fenêtres closes. Allons grimper le tombeau des ombres froides et sautons de l’autre côté. Sautons l’illusion d’être mort là où nos regrets obligent à chuter de cet éboulis sans vergogne. Hissons-nous comme des flammes fières dansent dans l’âtre et laissons fondre la neige pour que refleurisse la fleur de nos ardeurs anciennes.


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Commentaires
B
Merci à toi Renaud. Chez toi aussi c'est vraiment pas mal.
R
Merci pour tous ces beaux textes pleins de<br /> belles images métaphoriques qui offrent des<br /> plages de plaisir et incitent à la réflexion.
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  • Dépotoir et déposoir de mots, de pensées... Ici repose mon inspiration et mon imaginaire ; une sorte de maïeutique effrénée et dubitative et il me plait de pouvoir partager à qui veut bien.
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