De même…
Une fascination tout de même : le temps. Ce miracle de l’éternité réveillée sur le bord de nos gouffres. Cet émerveillement transpirant de l’abandon absolu de son éclaircissement, il donne et reprend, il remonte sans doute de ce lieu où tout est détruit. Comme nous. Altéré et cannonifié, il explose à la figure des heures envolées où dégoulinent nos petites traces sans empreintes définitives. Le temps est un déguisement, un masque, une panoplie d’éphémères. Il s’enfile comme un bas de nylon et nous défigure. Il devient peu à peu cette pièce de théâtre que chacun explore, artiste ou pas, et il interprète avec déraison, sagesse et bêtise, nos élans fougueux dans la durée d’un soupir éteint. Il est l’immobilité élastique qui se rit de nous lorsqu’on le tire, l’étire trop longuement. Mais pour toi, mais ici, je veux en faire un bouquet d’arborescences duveteuses, une malle à trésors, un lit d’éponges douces.
De même…
Juste semer quelques espaces en pointillés pour les abandonner à la corrosion, à l’agiotage des heures qui passent sans compter. Juste s’immerger plus profondément encore que la charge de l’illusion recommencée.
De même…
Juste voir défiler l’insensé, défaire la pelote de pétulance des nœuds insolites du bouillonnement. Juste dénouer l’errance de ses boucles de vagabondages providentielles. Juste s’asseoir à l’intérieur de soi, fermer les yeux s’écouter être au millimètre de la seconde qui danse. Le présent et la mort conjoints aux embouchures des protestations démantelées.
La cicatrisation viendra… comme un baiser… de la rencontre des fragments qui jonchent notre histoire.