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LA COLLINE AUX CIGALES
5 juillet 2010

Hors mots (ces culs l’aire). Ormeaux dépeuplés.

esmeralda11024x768

Le diffus de la vie reste cette contemplation impalpable de la matière et de ses objets. Le silence est une lutte féconde où se confronte l’existé et l’existant. Mes sens ne se souviennent pas de l’immensité, ma langue ne connaît pas le chant des tréfonds, mes mains ont oubliées le toucher des peaux de l’éternité. La solitude connaît la rigueur de ce qui se tait. Mon espace de vie, aussi réduit soit-il, s’amplifie des lieux résolument vides où finalement une forme de symbiose s’opère. Le silence, c’est moi, hors du temps, hors de moi, hors du livre des jours que mes pieds foulent. C’est moi, résolument moi, dans le semblant des ondes qui chaussent l’ossature. Et, je vais, parcourant, avec des mots, ausculter les tempes fragiles de ce qui demeure encore vivant dans cette bassine de nuages où rien ne s’éponge, rien ne se filtre vraiment complètement, et puis, où tout s’en va disparaître à tout jamais.

La discontinuité et le morcellement, propres à la mémoire, abordent l’inachevé, car rien ne se termine par la conscience des choses et des événements. Tout est « en l’état ». Tout est monologue. Chercher à vivre ailleurs serait pure folie. Dans le tremblé de la mémoire, des résidus d’étincelles portent en eux toutes les identités du monde. La mienne s’y achève à sa source, dans une boucle prodigieuse où le ruisseau est encore brûlant. C’est dans le bouillonnement confus que s’élabore la lie et la semonce des jours remplis d’opulentes ironies et de graciles apostrophes.

L’absence équilibre la solitude au gré de la vie qu’elle fait (re)naître. Quelques gouttes d’essentiel versées sur l’imaginaire débordant, quelques bribes chiffonnées de visages disparues, de lèvres muettes, de sourires restés sur le rebord de la fenêtre.

De l’absence s’extrait la part d’inachevé. Mémoire des pas sur la neige encore vierge. Une image retenue.

Livré à cette moitié de nuit qui scrute l’inconnu. Mes lèvres tâtonnent les paupières de l’exil. L’errance s’offre, toute entière, aux heures détournées de la droite initiale. A la conquête d’une traversée aveugle où le monde ne semble qu’un filigrane d’apparat. Dans la solitude, on s’improvise. L’heure nous capture. Le hasard croise ses doigts légers se réconfortant d’ésotériques songes grotesques.

A la risée de l’inappartenance, rien n’est vraiment soi ou à soi. Rien n’est autre qu’une ressemblance recomposée, inventée et profilée à la macération d’un créatif englué à l’histoire que l’on occupe. Tous les destins sont effilochés d’oublis. L’aventure à vivre se calque sur la déraison des évènements, dans leurs mariages au temps qu’il faut incessamment suturer pour ne pas disparaître soi-même dans les méandres des chemins sans projets.

Nos solitudes conservent l’empreinte des humanités et nos regards fermentent dans l’abandon et le renoncement perdurable malgré ce qui s’efface, malgré la perte.

Nos actes ne savent que le courroux qui les active. L'essentiel, s’il en est, voyage dans l’imminence de l’inouï. Non, vraiment, nous sommes seuls. Chacun arrimé à la désinvolture. Chacun livré à la solitude inextricable dont les refoulements sont autant de gorgées de feu qu’un volcan en éruption.

Nudité ; la vie c’est nu… C’est elle qui nous aborde, et nous saborde. La vie. Parce que nous sommes des êtres nus. Parce que nous cachons et nous taisons nos frissons à l’envers, dans la chair. Rien ne tremble dehors. Tout est incrémenté dedans.

Nus, nous sommes vivants de cette couverture d’étoiles qui crépitent de nos sèves. Nus, nous sommes dévoilés de nos natures et prisonniers de nos formes dans lesquelles nous conservons dans le flou, notre éternité à taire les murmures tumultueux de nos espérances. Nudité, la vie c’est nu.

Nus de ce que nous sommes, nus de nos vides à tarir, nus de nos prières à découdre l’amertume de nos sacrifices et de nos renoncements. Nos merveilles sont dans l’exploit de nos rêves. Dans la grandeur et la magnificence de l’illusion qui bataille nos réels foudroyés d’abstinences. 

La nudité c’est la rencontre. C’est le lieu privilégié où se recoud le monde. C’est la gloire des profondeurs au service des ailes d’anges. Il n’y a qu’ici, que nous pouvons caresser l’idée de la réconciliation. Il n’y a qu’ici, que nous savons être en dehors de nous-mêmes. Il n’y a qu’ici que la résonance de l’écho peut infiltrer nos ventres, nos cœurs et nos âmes.

Nous ne sommes que cela. Ici. Nus.

Aimer, c’est pénétrer la nuit confuse de jouissance… Aimer, c’est se défaire de sa solitude pour plonger dans celle de l’autre. Aimer, c’est déjà un peu mourir dans le ravissement des ombres pour y déloger la lumière tue.

Aimer, c’est résister. C’est parce que nous pensons que nous résistons. Nos ego sont des enfers. Nos ego sont nos sauveurs. JE, est un pitre qui se joue de nous. JE, c’est moi qui voudrais, et moi qui n’est pas dans l’ordre de ma nature. Enflammé d’extérieur accablants. Eteint par les souffles des foudres où la mort rayonne. Aimer c’est croire ne plus être seul. C’est donner à l’absence le goût de la mort et vivre dans le déchiqueté des ombres.

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Commentaires
S
Aimer, faire semblant d’allier deux solitudes pour au bout du compte être seul .. encore.
B
Merci à chacun pour la gentillesse de votre commentaire.
O
aimer, je voudrais que ce ne soit pas "peu importe"
S
aimer c'est croire en une vérité qui n'a aucune certitude scientifique...aimer c'est reconnaitre être faible, tenter de se lier pour tisser une relation...ne pas y parvenir...chercher à comprendre...oublier, puis retenter...en espérant de réussir un jours et d'achever cette quête perdue d'avance et psychologiquement insupportable..
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  • Dépotoir et déposoir de mots, de pensées... Ici repose mon inspiration et mon imaginaire ; une sorte de maïeutique effrénée et dubitative et il me plait de pouvoir partager à qui veut bien.
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