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Nous sommes jalonnés d’escapades, de fuites et d’échecs.
Suspendus à l’attente qui ne s’apprend pas, qui ne s’adopte pas.
À l’éclairage des profondeurs qu’aucune lumière n’identifie
Sur les visages immatériels des masques du simulacre ;
Artificiels d’une immobilité creuse, à ce factice carnaval d’ombres
Tombés dans le trou du temps
Comme une respiration improvisée, haletante,
Boiteuse, essoufflée.
Condamnés que nous sommes à demeurer dans le corps
Comme dans un ravin, une cavité insondable.
Malgré l’écrasement, malgré la volonté de fuir,
Malgré le gravé de l’indélébile aux peaux de la volonté.
Une dent ronge l’âme comme un désespoir de gangrène qui se répand là où tout se fige.
D’une affirmation qui se répudie, ne sachant plus ce qui confirme :
Un réel en jachère, un rêve fripé comme un parachute qui refuse de s’ouvrir.
L’handicap du désœuvrement, des amas d’infortune, l’arbitraire à genou ;
L’identité déshabitée, la parole dans le play-back asséché
Des foules anonymes qui hurlent comme des loups le soir de pleine lune.
Les crocs féroces prêts à morde les ondes des espérances et les folies
Improvisées, haletantes, qui se débattent aux moments lâches et déserteurs.
Aux moments de frugalité, aux famines accumulées
Empruntées aux trébuchements des avancées qui ne font que du sur-place.
Nos yeux ne sont plus que les deux trous d’une vie buissonnière
Et l’attente une bouche sans voie, un désert sans sable.