→ 112 – Itinéraire d’un soupir.
Nous n'avons que la folie absolue pour territoire d'espérance. Ni l'intrusion, ni l'exil, mais la rampe glissante des hors de soi. Te toucher du mot, te caresser d'une voix, t'approcher dans l'épuisement du silence.
Achoppé de confiance, le fragile se pose en une stalagmite de sel. Délit spontané des orifices, une fourmi grimpe à l'intérieur des veines blanches. La crédulité s'arme du culot des enfants qui désapprennent la politesse. Nous n'avons que le toupet du postiche qui dans son délire griffe nos vœux. Nos devantures sont des vitrines où s'affichent nos silences comme des guirlandes de mots écoutés aux murmures des vertiges.
Nos vies comme des mers insolentes arment les vagues qui secouent nos manques et aspirent de nos désirs la part muette des traductions de chair.
Plus je te dis, plus je m'efface. Dans le fatras des clairs-obscurs résonne le pur d'une nature si frêle qu'une goutte de pluie suffit à l'inonder.
Amour d'écumes que les courants transportent et parfois soulèvent au Pinacle des cimes pour retomber dans le fracassement des émotions saoules, nous voilà enrober dans une alliance de risques qui subjuguent la sensation du réel.
Nous apprenons ensemble la langue des trois fois rien. Pour ne pas dire que nous vivons de cette éclaboussure qui frissonne nos lèvres et dévalise nos entrailles des statues de feu et de flammes qui se consument à notre insu et par défaut.
Nous n'avons que la folie absolue que nous habitons à dépeupler tous les déserts, à déshériter toutes nos errances pour nous plonger l'un dans l'autre et boire à nos déchéances la sève de nos hurlements. Nous grondons comme des essaims d'abeilles et notre miel est le point de ralliement à nos échos qui bavent comme des lunes insoumises. Le silence nous habille et nous puisons au vide l'invisible lien de nos peaux nues qui se collent. Dans le bref éclat d'une mue d'étincelles, nous embrassons l'origine de nos fuites. Nous sommes la cascade du néant et nos rires couvrent nos peurs.