→ 111 – A l’excès, le cruel.
Ta solitude est le champ de bataille qui explore ma déchéance. Sans la carence, il n’y aurait que la joie. L’amour est mon impuissance à vivre autrement qu’en t’inventant.
Solitude contre solitude, ton visage est aux reflets de ta voix une parole, un chant où nos harmoniques se croisent comme des êtres marchant en sens inverse et dont la rencontre mendie un déclic.
Charité contre charité, tes lèvres présupposent ta vérité charnelle. Tu es mon appétit de jouissance, mon plaisir au goût amer.
Autre chose que moi existe là où je meurs, et j’accepte de mourir là où ton chant me traverse comme une épée. C’est amputé que je t’accoste tel un navire chancelant et il nous faut reculer de trois pas, se retirer du sable pour laisser la trace du pas que la mer effacera. Tu es ce membre fantôme que je devine dans sa manifestation et sa forme de vie sensible qui me fait ressentir des crampes ou des chatouillements lorsque seul de toi je m’aventure à la quête de ta réjouissance.
Naufrage contre naufrage ta caresse d’encre s’inscrit dans les lignes de ma main. Et nous nous empalons sur la même droite aux géométries variables et vulnérables. Faiblesse contre faiblesse notre ardeur s’augmente du désir de nous fondre en un seul horizon. T’aimer seulement pour toi est m’oublier de ce que je suis. Je t’aime pour ce que tu ne pourras m’offrir. Quand même, car même, je t’aime ou je te préfère à l’artefact de toutes supputations. Et je t’inscris sur ma chair comme la plus belle illusion qu’il me soit donné de vivre. Bouleversante de fragilité de cette joie qui me pénètre comme un accroissement d’être.
Manque contre manque, Je me réjoui de toi à chaque fois que je te pense.