C082 - L’obstacle.

Tu nais dans les regards où s’épuisent les visages. Tu nais dans la réponse de ce voyage où l’on se parle sans rien dire, dans ce chantier où ce qui te manque s’ouvre au présent comme si aucun passé n’avait existé.

Tes yeux trainent où se déchire le rideau du monde.

Partout où la vie renonce, tu es là comme une mère universelle à retenir, à contenir et à déployer d’inépuisables goulées d’encre d’amour. Tu traverses l’écho où ressuscitent les ruisseaux de l’enfance. Tu éponges les fuites que les mémoires abritent. Otant toute dépendance au passé, résumant l’énigme au présent, à l’immédiat des dissidences que l’habitude confie à nos rôles et à nos réflexes d’exils. Passé et avenir nous diffèrent toujours trop, nous épuisent.

Tu es ces yeux neufs du jour qui ont compris qu’il fallait effacer les trames d’hier pour se présenter vierges à chaque commencement, à chaque début de souffle. Se délester de la mémoire pour habiter seulement l’ici et maintenant. Ne rien savoir c’est s’ouvrir à l’imaginaire du réel pour le construire comme une émotion éclot d’un hasard de frisson. Et décrisper le rêve de ses hypothèses. Oublier l’impropre des propositions. Le péril est dans se fier. Se fier est le fragile de la faiblesse, là où la vie nous sépare de nous-mêmes. Tu ne cherches plus la vie, tu l’accueilles. Disponible à l’incertain, au manque, au semblable et au différent. Patiente de tes impatiences. Entièrement ouverte au possible. Le commencement se répare dans le désir de tes yeux. L’illusion te demande si tu poursuis et ta réponse n’est pas dans l’écriture mais sur tes lèvres qui chuchotent. Tu désapprends les silences tourmentés. Ici, tu te réenvisages.