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La fiction est cette vérité dans laquelle je promène nu de tous les vertiges, une vérité construite sur les circonstances autant que sur les réactions et les secousses qui donnent à l’amour ses couleurs d’outre-tombe. La parole d’aimer s’est ouverte bien avant que je n’aie su la connaître. Elle a saigné le sensible des aubes où rien n’était encore inscrit. Le mot où je t’appelle a perdu trace de ses origines, mais il a gardé la puissance à convaincre les ombres de se faufiler par delà l’aveugle de moi-même pour venir encore déposer sa prière de rosée qui donne un goût mouillée à la nuit où s’abaissent nos paupières de souffre pour préserver à l’intérieur des matières l’eau de pluie qu’aucune crue n’aura su défroquer.
La vergeture sillonne le virtuel comme une ride dépossédant la solitude. Etre seul c’est être immense, dépourvu de barrières et de clôtures. Les reflets procèdent de l’imaginaire murmure des coulis d’eau qui s’écoulent en ce puit sans fond ne laissant à l’urgence du temps qu’une part dérisoire des cascades déversant leur trop plein. Et tu as beau chercher en tes veines le noir déluge qui te fait inventer, tu te désavoues de chacun des chaos qui te traversent d’un idéal exaspéré à l’impossible que tu t’évertues à vouloir vaincre. Acculée à tes dissemblances, ton sursaut est ta seule folie à réfuter le feindre pour te réconcilier avec ton audace. Illicite l’approximation te chavire et ta vie se greffe aux malentendus. J’entends gémir ta langue qu’une vérité falsifiée parce que clandestine mord au fond de ta gorge. Il faudra sans doute délivrer l’inexistant de son écoeurement pour qu’à l’envers de nous-même nos cœurs se recouvrent. Et si tu le veux, nous irons ensemble nous déposséder l’un l’autre des tourbillons des soupirs qui délivrent.