I197 - Ta voix est un jardin.
Ta voix est un jardin où se promènent les impressions qui ne t’ont pas anéanties au petit matin quand l’herbe fait un petit bruit qui ressemble à celui des braises qui finissent leur brûlis chaud. La lumière imbibée de silence parle de tes poings dans lesquels tu as tenu puis serré la nuit. Ton cœur comme un livre ouvert laisse s’envoler des papillons. Ton corps encore velouté du sommeil que tu as sculpté de tes rêves est posé là au fond de tes cerceaux à rouler sous le chapitre de ta mer, à dévaler de la cime de tes vagues qui viennent doucement caresser la plage de tes paupières où s’habille le jour qui vient de naître. C’est l’heure qui te livre, toi tu n’avais pas terminé ton rêve que tu as du laisser en jachère pour qu’il attende une autre fois, un autre sommeil, une autre lune. Ton premier mot, au sortir des draps qui conservent encore les traces de ton berceau de nuit, s’effrite à la clarté pâle des premiers rayons et il ne ressemble qu’à un cri sorti des ténèbres, du fond d’une cave où la nuit avait déposé ses rimes et ses parfums de ouate. Les craquelures qui s’étaient dissipées durant cette éclipse de temps reviennent peu à peu dessiner ton visage qui reprend la face de ton actualité immédiate. Les rides de tes espoirs déchus reprennent mouvement au fur et à mesure que la vie se réinstalle sur tes traits. Tes lèvres se risquent à la tasse de café dont l’odeur te rappelle la profondeur du noir d’où tu reviens et simultanément qu’il va te falloir réhabiter ce corps que tu avais laissé en jachère durant ce temps immobile que tu avais allongé comme une fugue à l’intérieur de ta propre vie.
Le jour se duplicate sur les déluges antérieurs pour en reproduire l’encre vermillon qui sert de matière pour inventer de nouveaux reliefs. La traversée des images se réfugie au fond de la voix et nourrit le hurlement qu’il te faudra taire pour que le ciel de velours retienne les étoiles prêtes à tomber comme des amphores pleines du limon des crasses de chagrin qui s’étaient élevées comme des pensées mystiques. Le jour venant, il te faut défroisser le regard afin qu’il accomplisse encore son tour d’horizons.
Doucement, le souffle de l’enfance reprend naissance, refait surface. Tu entends comme un crépitement que les rires ont su préserver des encornures du temps et qui s’installe sur tes épaules tel l’épuisement des sources que tu traînes comme un renoncement surfait. Ton cœur tambourine comme s’il criait que rien ne s’arrête. Ta main instinctivement tire le rire comme une couverture que dont on veut se recouvrir. La démence de l’amour travaille imperceptiblement et sa folie arrive soudainement pour empaler les vertiges et redonner forme aux discrédits que les mensonges avaient enrobés. Le soleil se tord dans tes yeux et ton ventre recommence à danser. Ta maison est calme et la nuit n’a qu’à bien se tenir, à distance. Jusqu’à son prochain baiser d’isolement, jusqu’à son invisible déchirure. Tu reprends la trace de ton pas, tu es prête à nouveau à aller.