Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
LA COLLINE AUX CIGALES
13 février 2014

Ecrire saigne les plaies.

nueenceinteD

Sur ce mur de sang séché, une craintive orbevoie* s’implante dans le renouveau comme une fraîche délivrance. Il faudra retrouver au fond de soi ce qui n’est ni raison, ni pensées, ni spécificités, ni certitude.    * Orbevoie : Fenêtre ou arcade simulée dans un mur, sur un meuble.

Il y a un fil de verre dans la mince épaisseur de l’air où se rétracte l’ombre de ta silhouette. Nous sommes intégralement étalés sur toute la surface de l’univers. L’oubli aux poignets, nous traversons le feu avant que demain ne soit plus qu’une paille sèche. Sans plus attendre, nous brodons l’intervalle où nous sommes blottis comme des œufs dans un nid douillet.  

Mystère de l’écriture, se relire est souvent pénible. Je ne retrouve pas dans mes pénates ce que je voulais exprimer. Les phrases sont lourdes, trop lourdes. Elles grossissent jusqu’à la nausée ce que je souhaite te raconter simplement. 

Je modifie la réalité et elle me change à son tour. Je filtre et j’écume l’émotion retentissante. Tout dévale face à moi avant de m’irradier d’une mélancolie gluante. La présence simulée a brisé le miroir posé sur le jour pour voir au-delà. La glace a fondu. Le verre froid a rejoint la terre. L’eau figée s’en est allée. Nos vies coulent à présent comme des fontaines où les cigales viennent se désaltérer. Pourtant, j’éprouve cette sensation de grumeau, de pâté d’encre à chacune de mes relectures. Tout est rempli par le bruit du sang, l’afflux du brouillard se mélange à la poussière.

Nos vies s’entrecoupent comme des lignes droites. Tout est un dialecte éolien, un aède comprimé sur l’autre face du ravin. Je me retrouve sur un intervalle secondaire où se dissèquent les souvenirs. Je déchiffre à contre-jour l’espace qui s’éteint. Ecrire saigne les plaies. Les croûtes se dénouent. Plus jeune, l’écriture connaissait la marée sensuelle qui emporte vers les courants tumultueux. A présent de nouvelles images soulèvent plus haut que la matière brute. La vie est plus élevée que le vivant. Je n’arrive pas à éclaircir le trait du langage sans projeter les mots sur le mur de feu qu’il y a entre le soleil et la lumière.   

 

 

- Bruno Odile - Tous droits réservés ©

Publicité
Commentaires
LA COLLINE AUX CIGALES
  • Dépotoir et déposoir de mots, de pensées... Ici repose mon inspiration et mon imaginaire ; une sorte de maïeutique effrénée et dubitative et il me plait de pouvoir partager à qui veut bien.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Derniers commentaires
Archives
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 207 326
LA COLLINE AUX CIGALES
Publicité