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LA COLLINE AUX CIGALES
25 novembre 2013

Les vagues ont pris ta voix.

ef16f0cfIl me faudrait une poulie magique pour remonter de mon gosier les branches et les fleurs décapitées par le temps. Je te veille comme un chien couché aux abords d’une tombe. Je suis si défait par la rupture, et si dépossédé que je fore les ombres qui dorment dans l’infini pour y retrouver le premier jour. Un sentiment de profonde solitude déchire toutes les pages sur lesquelles je te dessine. Le seul espace qui bouge encore, c’est ma pensée. Elle flirte avec les images suspendues aux poteaux imaginaires qui soutiennent mon crâne dévasté. 

Je te voudrais langouste sur mon sable, sangsue sur l’écorce de mes rêves, alors que tu es une baie ouverte de l’amour sans condition. Je te compte encore un peu comme ces cercles à la surface de l’eau de mon cœur. Un, deux, trois, soleil… J’avance et je m’immobilise avant que ne se retourne la chair de mes entrailles blessées. Je sais maintenant où sont les limites du monde. Je ne te retrouverai jamais telle que tu as été. Il est des portes qui se referment malgré les trésors enfouis dans la tête, malgré les chants d’oiseaux dans le silence d’une nuit où l’amour fait fortune. Le jour a perdu tout son sommeil dans tes yeux.

Je t’ai appris par cœur comme ces rivières gonflent sous l’orage et accomplissent toujours le même chemin. Ta mer est à l’autre bord de la lumière. Tu ne dis rien. Les vagues ont pris ta voix. Elles claquent sur l'étendue et font clapoter le ciel.

Je suis une couture synthétique sur le rebord de tes lèvres, une entame bâillonnée de fils cotonneux qui s’effarouchent à la moindre inflammation. Il faut sans doute étouffer la lueur des miroirs qui rêvent pour défaufiler l’horizon où est restée la morsure. Je m’ennuie de toi. J’ai reporté trop loin le réveil. Mes tempes sont devenues des tic-tacs interminables pour les étoiles qui saignent le temps.  

Un instant furtif savoure la traversée des lueurs désuètes qui connectent les astres. Une vague plus forte que les autres éclabousse le tablier du ciel et des gouttes de flammes s’embrasent immédiatement.

 

- Bruno Odile - Tous droits réservés ©

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Commentaires
A
Oui moi aussi, par opposition à tous ces jugements esthétiques relatifs. Et c'est pourquoi je parle de contemplation, au sens philosophique du terme.<br /> <br /> Mais si les philosophes tentent de la conceptualiser, je pense que la beauté est avant tout affaire de poésie.<br /> <br /> Une façon peut-être de ré-enchanter le monde.
A
Sans doute faudrait-il définir la beauté.<br /> <br /> Dans notre monde moderne nous disons de tant de choses qu'elles sont belles, et de tant d'êtres qu'ils sont beaux. Les jugements esthétiques sont rapides, fuyants et infernaux comme les dictats.<br /> <br /> Je ne sais ce qu'est la beauté, une sensation sans doute, comme le bonheur, ni plus mais ni moins; peut-être est-ce lorsqu'il n'est plus besoin d'ajouter de qualitatif autre que contemplatif; arrêt essentiel qui rassemble mon être sans discussion possible. <br /> <br /> Peut-être ne vois-tu plus la beauté, ce dont je doute, mais nul doute cependant que tu nous la donnes à lire dans tes jolis mots :-)
A
On ne retrouve jamais le premier jour; et c'est pourquoi il faut des poètes pour réécrire avec tout le talent du monde ce premier jour indéfiniment.<br /> <br /> Et c'est alors que l'ennui ne tombe jamais sur les mots: la page s'éclaire comme le soleil.<br /> <br /> Je te souhaite une douce et belle journée Bruno.
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  • Dépotoir et déposoir de mots, de pensées... Ici repose mon inspiration et mon imaginaire ; une sorte de maïeutique effrénée et dubitative et il me plait de pouvoir partager à qui veut bien.
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