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LA COLLINE AUX CIGALES
6 novembre 2013

Nous sommes des chairs de résonance.

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Il n’y a plus rien dans le miroir. La tristesse m’a tiré comme un trait sous la paupière. La mélancolie, c’est la nuit dans le jour, c’est le rappel du dernier orchestre, c’est demain qui se souvient. Mon amour se déchausse au pied d’un lit d’absence où les feuilles mortes sont des couvertures pour le regret. Toujours quelque chose cesse d’exister là où mon cœur me conduit. La mort, cette obéissance sans ordre, cette gueule sans visage, je la côtoie depuis longtemps. Des rêves sans pudeur prolongent la perte et rallument les cendres éparpillées dans les buissons de la nuit. Toute la science des hommes s’enlise là où le chaos retentit. L’amour, même irréductible, échoue à vouloir enjamber la mort qui serpente comme une rivière en crue. Il ne brille que pour lui-même. Ma vie accolée à la tienne, c’est le dernier rempart pour le vent qui nous transporte. Près de toi, la tendresse imprimée à l’air se dresse et fait barrière à toutes les pertes. Ma conscience déracinée traîne dans ta marge.

Il y avait du sang lourd sous ta peau

La parole pensée en un espace clos

La vérité dans l’encombrement

L’ayant vue, j’ai reconnu la mort

Je t’aime comme mon sommeil

Les bras tenus par la nuit ouverte

Ton inexistence franchit le noir qui tombe

Sous la langue comme une épaisseur

Tu précèdes et succèdes au silence

Dans une parenthèse minuscule

Où le temps s’écrase comme une masse informe

Jour après jour, la lumière traverse la même vitre

Où tu te ranges, invisible, à l’arrière de l’ombre

J’avance dans les lignes où tu n’es plus

La page se noircit sans rien faire

L’immobilité de ta présence efface la marge

Un brouillon de mots flotte à la surface

Ta chair remise au monde, ravivée, avérée,

Rien ne s’achève et quelque chose touche à sa fin

Sur le point vivant une voix encore mouillée

Frappe à la porte de mes lèvres

Où se répandent l’encre et ton image.

L’inexistence aux abois se déplie

Au cœur de l’espace qui m’accueille.

Le mot qui pèse est léger dans mon esprit

Tu n’es pas ici, c’est pour cela que tu es partout.

Parfois, l’écriture transporte l’inconscient sur les vagues tumultueuses de notre réel. Ce qui doit disparaître, me semble-t-il, c’est le préjugé, la morale castratrice et la surabondance de la raison. La nature possède ses propres règles et elles m’échappent bien souvent. Je voudrais par moment n’être que de l’air. Mais, nous sommes des chairs de résonance et il nous faut composer avec la foudre et le chaos. Vouloir contrôler nos émotions, c’est vouloir les éduquer. Je n’ai plus cette prétention à partir de l’écriture, je me pacifie en extirpant de ma glaise profonde les échos restés dans le silence.

 

- Bruno Odile - Tous droits réservés ©

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