A l’approximatif du recueillement.
Violines levées dans le brouillard du jour, déjà l’air reflue le velouté d’un frisson qui s’étire dans le chenal offert à l’image. Une larme déposée sur le reflet de l’aube capte pour toi la lueur enroulée aux voix qui te suivent. Le chuchotement de la douce mémoire transpire le fer de ton âme et tu pactises avec la rafale qui t’emporte.
La campagne endormie conserve sous son manteau tous les murmures arrachés aux verrous des portes. Nos visages se décollent et nos bouches peuvent se toucher.
Que reste-t-il du désiretde la confluence des âmes ? Que reste-t-il au fond de ta gorge après avoir dit je t’aime ? Que reste-t-il de toi après la mort souveraine ?
Tu aurais sans doute préféré des mots construits comme des chapelets ardents, comme un rosaire avec lequel on récite son âme. Des mots consistants, sculptés dans l’ivoire de nos cœurs qui évoquent clairement et simplement l’amour naissant sur les pétales de roses. Mais, vois combien je suis pauvre comme un Pierrot sans lune.
Cependant, je sais que tu m’entends mieux qu’une devinette, mieux qu’un simple appeau posé dans l’onde. Alors, je te fais chanter comme une source printanière qui vocalise tout l’hiver retenu dans son eau fraîche.
Il s’agit de tenter quelque chose.
Dans le face-à-face des profondeurs, c’est le recueillement. Un feu se bâtit dans la fraîcheur, et toutes les chaloupes de secours sont à la mer. Mon cœur remue comme un nouveau-né. La vie m’attend et se lève comme une première fois. Le fleuve désossé de sa fougue s’amarre aux rives vertes jonchées de trèfles à quatre feuilles. Le hasard se plait à battre des paupières. D’indélicates écritures m’attendent encore là haut, sur la cime du souvenir où des braises rougissent toujours.
- Bruno Odile -Tous droits réservés ©