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LA COLLINE AUX CIGALES
19 juillet 2013

Il n’est d'amour réel qu'à l'ombre d'un rêve.

Reclining_Nude_1935_Zinaida_SerebriakovaAprès l’orage stellaire où les étoiles se disputent les traînées éphémères 

Qui lanternent le ciel d’une pluie de fils blancs. Le noir s’agrandit encore

D’une épaisseur veloutée et des rameaux de pierres s’aiguisent sur l’ombre

Comme des couteaux s’affûtent sur nos cœurs devenus de la poussière

 

 Toi et moi, sur la berge des peaux désavouées par le temps

Une lime à ongles pousse entre nos dents

Il y a des fouloirs et des fumées qu’emporte le vent

Et puis des sourires dépassant les frontières de l’accablement

 

 Nostalgie en bouquets de chagrin, la rime s’épelle

En guirlandes d’amour confidentielles

L’hiver est sans fourrure au bout de la colline

Tu trembles et j’ai froid sous ma rustine

 

 Mélancolie, tu défailles. Tu as perdu une rose à ton manteau

Je vois monter partout des néons au-dessus des lavandières

Les astres convoyeurs ont des valises sur leurs museaux

Midi ou bien minuit, c’est l’amertume dans notre annuaire

 

 Je n’avance plus dans la tornade du sentiment

Une pelle creusant la terre, une autre rebouchant la fissure

J’ai sous la main un parchemin d’injures 

Que je brûle sous la langue fourbe de l’avortement

 

 Notre pinacle est au pays des fleurs fanées

Il traîne sur le comptoir des mots percés

Parmi les lumières chancelantes et les dérives closes

Nous aérons la mort avec une tendresse de virtuose

 

 Demain ne sera plus nulle part

Il braconnera la douceur cassée et nos bouches bées

On s’est pris les doigts dans l’éternité

On mange du « je t’aime » comme des léopards affamés.

 

L’odeur de l’angoisse rejoint l’accablement. Des fantômes nus traversent nos peaux. Il n’est d'amour réel qu'à l'ombre d'un rêve. 

Des baisers tendres me reviennent par bouquets et, dans la rétention cadenassée de l’absence, l’air retient encore quelques bouffées de lumière. Et je ne sais toujours pas où la matière dépose ses fardeaux. Je ne sais toujours pas où vont mourir les jours dévissés du calendrier.

Il faut sans doute accomplir et répéter sans relâche le geste d’amour. Il faut sans doute muscler la brise impossible qui délie les branches au-dessus de nos têtes. L’amour pointe son nez au-delà de l’attente, bien au-delà de la présence réconfortante des sens récepteurs de tendresse. Il n’est d'amour réel qu'à l'ombre d'un rêve et je te porte dans mes veines comme un souffle soulève les feuilles jonchées sur le sol de ma mémoire.

 

 

- Bruno Odile -Tous droits réservés ©

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Commentaires
S
Bonjour B. j'étais dans le sud où le chant des cigales m'a bercée. J'ai tellement de lectures en retard .. mais le plaisir de retrouver tes mots
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