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LA COLLINE AUX CIGALES
16 juillet 2013

La détresse pliait et dépliait les rêves.

Portrait_of_a_Nude_Woman_in_Repose_Howard_Chandler_ChristyJe siphonne l’air, j’exclus la marée approximative qui chante les vagues sans rien connaître de la musique des tempêtes. Tout s’est vidé dans l’explosion des rigueurs plénières aux victimes anonymes. Tu es là et l’égout se vide. Tu es vivante dans mes songes et c’est l’utopie qui charpente les clameurs tombées à terre sur des arbres fendus. Toute la folie de la narration écervelée se comprime en un point de non retour. L’absence est le décor d’une chair devenue imperméable à l’orage. Tes yeux sont Montmartre les soirs sans café-théâtre et sans portraits dessinés à la hâte. Juste une bute et des étoiles. Juste des étoiles et des rivières inventées. L’autorité de l’invisible nous rend invincibles. Nous sommes l’amont sur la face du désastre, nous accédons à la liberté sans révolte et nous massacrons le silence par le sacrifice de nos déconvenues. Tu es là, victime de mes efforts et tu te résous à la finalité de la nature humaine : tu subis.

Tu t’étouffes de ce que tu ne saurais dire et nous parlons à la raison qui déraille. La conscience devient une solitude. Une île sans capitaine, un voilier démâté, un dauphin reprisant la mer perdue.

Comment prendre la parole lorsque tout est un mutisme rempli d’absence ?

Brassés au fond de nos gorges, il y a des millénaires sans arguments. Déjà à l’orée du monde la détresse pliait et dépliait les rêves dans les mouchoirs biologiques de la rémanence. En filigrane, l’horizon laissait entrevoir la révolte de la matière exaltée et l’espoir n’était qu’une solitude plongée dans le bouillon du hasard. La conviction enfermée dans nos cœurs baigne dans la bassine débordante d’ego, d’altruisme et de philanthropie. 

Nos vies se vident comme des mamelles périssables. Assoiffés de douceur blanche, nous soutirons sans compter. Nous mangeons notre pain blanc comme des affamés. Nos nécessités font foi. Et le monde ne sait plus pourquoi nous agissons ainsi.

Nous avions oublié d’être mortels. Nous avions bâillonné la résurgence indomptable du sentiment. Nous ne savons pas juger du parti pris des choses. L’habitude est une force violente de la contrainte. L’imaginaire, pourtant invincible, crapote. Il accepte quelquefois le liturgique, l’assainissement incoercible de la création fade et sans projet. Nous sommes moulés et marqués par le désordre de nos gènes que nous espérons humaniser. La raison supérieure de la mort nous badigeonne du tremblement des peurs souterraines. Nous ne pouvons plus nous libérer autrement que par la folie.

Nos exigences sont nos seules forces. Le désastre ne s’explique pas. Il nécrose le devenir qui se refuse à anéantir la mémoire des heures complaisantes.

 

 

- Bruno Odile -Tous droits réservés ©

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