Dans la coursive.
Sous la camisole de la tendresse
Où l’amour se noie d’une brasse
Incompétente
Pour mendier un peu d’air
Aux orifices du temps Une main sans la main de l’autre
Une rive sans l’étang du noir séparateur
Un ciel sans la cascade de tes frissons
Après la douleur des corps inassouvis
Nous briserons nos rames
D’os et de tisons
Et filerons à marée haute
Vers le nuage gorgé d’eau pure
Comme une fontaine d’amour
S’écoule de l’enfance de nos joies
Le parfum des jours simples
Transporte avec lui l’audace épuisée
Des lumières qui fendent l’ombre
Là où demeure le banc d’herbe fraîche
Sur lequel nos cœurs se sont posés
Corps contre corps
Une once vaporeuse de la douceur
Des jours heureux
Le gravier sans la pierre
Cherche son chemin
L’or mort s’est tu
Sur la planche d’ébène
Le silence promet ce que les mots oublient
L’innocence de l’air
Est resté derrière les rideaux du vent
Ton secret est mémorisé dans le rire
Eclaté de la falaise qui s’effrite dans la mer
Tu es l’eau turquoise qui se reflète à la surface
Tout ce qui nous ressemble est vain
Dans l’oubli et le chaos du monde
Nos langues se râpent comme une meule
A cailloux, à couteaux, à pieds d’œuvre
Et nos cœurs sont des moulins à broyer
Le tissu qui recouvre nos chairs
Nos doigts touchent à l’éternité
Sans raison apparente
Nous sommes debout sur les ruines
Des siècles habités par le désir de vivre
Nos âmes sont des vagues magiques
Roulant jusqu’à nos têtes
Nous sommes un peu de sang
Dans l’abreuvoir de l’horloge morte
Où germe le rouge du feu
Et le chemin du serpent sur la pierre
La terre qui ne connaît pas la pluie
S’inscrit dans le désespoir des fleurs
En une seconde l’univers sublime le réel
Rien ne se perd là où tout s’enflamme
Des ossements glissent dans ma gorge
Pessimisme éclairé à la Schopenhauer
Déluge transparent de la misère d’être
J’entends le fond du vide résonner
Comme une cocotte remplie d’espoir
Que la joie demeure l’arc-en-ciel
Des probités et des promesses de jouvence
Un ruisseau court au sommet de la lumière
Sillons sinueux où les hommes et les bêtes
Cherchent le fourrage de l’enchantement.
- Bruno Odile - Tous droits réservés ©