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LA COLLINE AUX CIGALES
13 juin 2013

On peut entendre pleurer la lumière.

Jacob_Collins_Carolina_2006Rappelle-moi où est le commencement car j’ai perdu sa trace. Mes foulées sont des réflexes. Ma vie éclaboussée est dans le face-à-face de sa condition d’effacement. Je fuis le manque dans le manque. Mon ombre ne couvre plus ton ombre. Ta mort cache la même chose que ta vie. Dis-moi où je suis ? Parmi les braises étendues pêle-mêle, j’observe la lueur fugitive qui caracole aux pointes de l’horizon. L’amour n’est pas fini, son écriture est une boucle du cœur s’accomplissant d’un trait souple. Tout ce qui a été perdu rebondi nulle part et éclabousse partout. A la sauvette, la transparence des sourires nous renvoie une clarté nue et nos rétines chantent comme un verre de cristal sur lequel on dépose un doigt tournoyant et humide.

L’isoloir du silence est trafiqué par la culture du non-dit. Derrière les rideaux flasques du désir, l’attente sculpte des refrains où viennent mourir des baisers de soufre. La retenue crache ses plus belles sentences lorsqu’elle gouverne nos contacts, peau à peau, avec le silence. Une lumière dans la chair se tait si fortement que la nuit rayonne comme une opaline intouchable.

Nos cous et nos gorges suspendues à deux erses attendent le décrochage. L’immobilité plantée sur le mot, un souffle humide traverse la pensée entre la crête d’un arbre et le vol d’hirondelles. Toute une poésie se damne en rompant les amarres. Une musique ancienne s’enfuit dans les craquelures du monde. D’un tourment, je fais une façade ; d’une croche, je voile les bandes sonores ; d’un soupir, mon désir s’affranchit de lui-même.

Je voudrais combler la fente par laquelle je te vois. Je voudrais piocher à d’autres roches, à d’autres magmas et à d’autres glaises pures. Je voudrais mordre aux fossiles de ton cœur et gicler dans l’air comme une poussière éparpillée sur l’herbe verte.

Chacun de mes gestes font durer le reflet de ces instants fragiles. La brillance bourdonnante qui nous révèle est une coulée de verbes volants. Je dors dans le cimetière des apocalypses. Sous mes paupières, la nuit défile comme un brouillard de ruines.

Il est difficile d’être plus optimiste que la réalité.

Parfois, regarder par la fenêtre, c’est transporter tout ce que l’on est d’un espace à un autre. Une vie entière dépasse les frontières de la peau pour explorer de nouvelles zones inconnues. Ce détachement du corps, de la parole et du cœur cherche une résonance à sa propre matière. 

C’est précisément où l’ombre n’existe pas que l’on peut entendre pleurer la lumière. La douceur de la plume échappée de l’écriture appréhende l’univers filtré par mon enveloppe charnelle. Le silence occupe le voile minuscule recouvrant mes tympans. Il accompagne la fournaise crépitante qui ravine mes sensations et mon appréciation du monde va de pair avec l’odeur du feu qui me consume.

Reste cependant le goût de la mûre et le rouge du sang qui coule jusqu'à mon coeur.

Lorsque l’égout du ciel lâche ses eaux, la fleur boit aux miettes du néant.

 

 

- Bruno Odile - Tous droits réservés ©

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