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LA COLLINE AUX CIGALES
9 juin 2013

Sous le tapis.

Glass_2007_Alyssa_MonksLes secondes s’inversent puis retombent sur leurs pieds. La nuit refuse de grandir. Elle baille comme une lézarde fatiguée où la blessure s’accouche. Parfois, rancoeurs et déboires flottent dans l’amnésie sans y trouver de refuge. Le cœur maintient précieusement dans ses stries le souffle gracieux qui naguère l’avait soulevé. Mais l’ardoise s’efface et tu n’es plus là. 

La peine alliée à la mort est une amande amère. Elle ouvre les plaies criantes de la mésaventure où nous sommes soudés comme deux barres de fer. Plus prés du temps, les oreilles bourdonnent, le corps se délie, la vie crisse comme une cigale à la belle saison. Puis ton absence s’amplifie de la pourriture d’un corps qui a rejoint le noir intense en suçant les ombres. Une étoile de mer dans l’abysse marin danse une valse macabre. Je revois ton sourire sous la Faucheuse édentée, un dernier souffle a la gueule de travers.

Partir n’est pas un remède, ni un soulagement, c’est une fonte et une métamorphose. Une silhouette de fumée a rejoint l’éternité où s’est amoncelé le temps claquemuré dans nos coeurs. Les traits du crayon recouvrent une fausse délivrance. Il n’y a que toi dans l’absence de ton nom. Il n’y a que toi suspendue à la gravité éphémère. Et tu pèses une vie. Et tu pèses un amour.  

Parfois, tes yeux sont des clairières. Des endroits de retrouvailles et de rencontres. Et puis, il y a des lieux où l’on se rend, seul, pour rétablir un contact avec la Nature majestueuse. Mais en tout endroit, c’est le paysage de la chair et du sang, c’est le corps et la matière vivante qui se rejoignent. Mon visage est recouvert par les stigmates d’une lumière ancienne.

Les heures résiliées s’entassent chaque automne. Une liasse de prénoms disparus hante le couloir tristement vide. Et maintenant la tête devant la fenêtre, je regarde le miroir décomposé où sont mortes les saisons. Les jours hachés sont dans le placard des songes. Des étoiles éteintes jonchent sous la lumière et je marche sur un ramassis d’histoires devenues une cendre poudreuse. Tu m’abandonnes sous le tapis avec quelques pelures de tes sourires. L’attente est stérile lorsqu’elle utilise la réalité pour domestiquer le rêve. L’introspection a déterré le drame, l’air l’a bu et maintenant c’est tout l’horizon qui titube comme un vieillard qui s’appuie sur une cane de bois. Ton absence a raréfié l’air et je respire une fumée grise après la convulsion du chagrin. Un dernier râle agonise dans le sang amassé en caillots.   

 

- Bruno Odile - Tous droits réservés ©

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