Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
LA COLLINE AUX CIGALES
22 février 2013

La mémoire se désagrège-t-elle en mourant ?

imagesCACQTO1YTu m’as dit : « Je t’aime » et les fleurs de joie sont tombées comme des gouttes de pluie sur un désert. Tes yeux marron braisés sont dans nos mains comme des oranges qu’il faudra peler. Partout, les couleurs se déplacent sans se mêler et nous sommes figés comme un tableau épinglé sur l’ardoise des brumes. Il n’y a plus de mur où t’accrocher. Nos bouffées de sanglots divaguent dans l'allure qui emporte la gouache séchée. Le feu qui s’éteint ressemble au charbon collé sur nos paupières. La réalité est méconnaissable. Elle court, face à nous, dans un champ de lavande. Nos pieds se croisent comme des cœurs pressés. Un écho de bouline se déplace jusqu’à la matière que nous incarnons. Il déclame le vent qui coiffe le vertige à l’intérieur de nos chairs.  

Nos flammes encerclent la banalité. Aveuglément engagés, nous sautons par-dessus la lumière. L’élargissement est sensible à l’inquiétude des lampes qui ignorent l’éclairage. Notre plaie est devenue nécessaire à la retouche du blanc. Une musique brûle les traits de l’air à chaque intonation de la voix. Nos esprits sont décolorés, translucides comme une toux cabocharde. Plus rien ne peut nous maudire. L’instant rebelle n’a plus les mots pour dire l’entame des jours neufs. Nos peaux sont polies comme des galets de roche noire de la fusion ancienne. Un certain vacarme est resté dans l’instant singulier où le passé fait corps avec l’air qui nous traverse. Nos paroles antérieures sont détruites. Quelques mots en ruines éparpillées demeurent sous la cendre recouverte par de jeunes pousses d’herbe. A présent, nos cœurs sont deux lunes qui enjambent le ravin de nos ombres.  

Tristesse s’ensuit, chagrin s’enfuit. Un air de flûte nous poursuit. 

Comment s’échapper de l’inoubliable et que peut-on trouver après l’effacement ? La mémoire se désagrège-t-elle en mourant ? Je t’ai perdue en ce monde de froideur où la peau des arbres s’hérisse. Ton absence est le chemin qui permet d’approcher la dérisoire incongruité de l’acte fondamental. J’imagine volontiers que là où tu es, le ramage de l’air ne se heurte pas à l’inconcevable.   

L’alignement de nos âmes grève le chemin qui s’essuie les pieds sur l’hiver où tu nous as quittés. Les nuits suivantes ont été solennelles. Tout mon sommeil était resté coincé comme une fleur entre les pages d’un livre. Je criais gare à la justice, à l’équité des ombres jacassières. La nuit pleurait et les jours pendaient aux arbres comme des sacs en plastique qu’un Mistral en colère avait projeté par-dessus la terre. Ton absence soulevait les murs de pierre dans la colline et mon âme d’enfant crachait pudiquement sa douleur sur l’éternité devenue noire comme une mine de charbon à ciel ouvert. Mais, tout le coton du monde n’approvisionne pas le vide.

 

 

Publicité
Commentaires
LA COLLINE AUX CIGALES
  • Dépotoir et déposoir de mots, de pensées... Ici repose mon inspiration et mon imaginaire ; une sorte de maïeutique effrénée et dubitative et il me plait de pouvoir partager à qui veut bien.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Derniers commentaires
Archives
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 207 340
LA COLLINE AUX CIGALES
Publicité