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LA COLLINE AUX CIGALES
6 février 2013

À trop aimer la vie.

20090402010340335Tu as de la beauté. L’insigne de la vie poinçonné sur les lèvres. Le signe des rivières fraîches logées au fond des yeux. La vie est entrée sous le chandail de tes mots comme un souffle inopiné. Un courant d’air lustrant la mie des jours sur ta poitrine devenue une toiture d’argent où le soleil rebondit jusqu’à m’éblouir. Il est des ciels qui naissent dans tes mains. Il est des mirages qui réinventent les îles perdues où enfant tu coloriais les cases vides.  

La lâcheté lacustre des matins sans audace, l’abdication souffreteuse des révoltes nostalgiques, tout s’effondre inéluctablement dans l’écuelle de cendre froide où j’entends frémir ton cœur. Les naufrages anciens ont séché et il ne reste rien des plaintes récurrentes. La peur s’est éloignée emportant sous son bras les bâtons du vertige.  

Le jour nouveau jeûne déjà au bord de la lumière et de ses cimes illuminant l’autre côté du monde. Tu n’as rien raté qui ne soit une autre vie, une autre demeure, un autre pacte d’existence. Tu as emporté avec toi le déni effronté de nos similitudes intimes. 

Nos bouches reflètent l’horizon des océans perdus lorsqu’elles s’amarrent aux ports fantômes où les baisers sont devenus la buée de nos épanchements. Dans les aspérités concassées, nos heures sont des vapeurs qui volent l’infinitif des verbes déshabillés de toute conjugaison. L’écriture délie la langue morte qui fouille nos veines muettes où les sentis de peau coulent à flot. La vie se dénoyaute dans le mot. Le mot se déconsigne de la pudeur gluante des ombres où se défroissent les conflits d’intérêts de la vie et de la mort. Il est vital que nos ventres se frottent à nos rêves si nous souhaitons surprendre le réel immédiat resté isolé dans l’éphémère résurgent. Je ne sais rien de ce qu’écrire signifie vraiment. Mais, ici, l’écriture est une larme accouplée à la joie, réconciliée en une seule flamme. Le futur nous est donné pour ouvrir d’autres figures. Et, il nous faut parier sur l’espoir qu’il prodigue.

Il me faut t’écrire pour ne pas laisser au temps le choix de ma dérive. Les mots que je t’envoie sont ces petits crépitements auprès desquels je m’assigne à résidence avec l’assurance que nous habitions la même dans une conciliation bienfaitrice et sans brouilles. 

A trop aimer la vie, on la perd quelquefois dans le creux des yeux qui l’embrassent. Le sentiment amplifie le réel jusqu’à le presser comme une orange mûre. Aujourd’hui, mon âme retrousse sa lumière, tire son grand voile blanc avec lenteur, avec ce geste large et souple d’un crépuscule usé par la contrainte à soulever la nuit de son ingrate somnolence. Le jour se retire à voix basse, enroulant son épreuve dans l’ombre de ses frasques. Tous les haillons absorbés, les souvenirs fatigués ainsi que toutes les couleurs émoussées, se regroupent dans un temps désagrégé où les lueurs persistantes sont de fines perles bleutées élimées par la pauvreté d’une conscience engourdie.

 

 

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