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LA COLLINE AUX CIGALES
4 février 2013

… Et le vide chancelle.

220Nos cœurs s’effraient trop vite. La turbulence s’apprend aux remous. Ce qui tangue me laisse libre de m’adapter, libre d’assouplir la gaine qui me retient encore comme un fruit gonflé par le jus du soleil. 

Le langage est une consolation. Partout où je suis troublé et ébloui, la parole est une lueur qui traverse l’opacité de ma fluorescence. Plus je m’évade de ce que je suis, plus j’en ressens les chaînes oxydées et la torpeur maligne qui saisit l’immobilité. Mon alternative n’a pas d’autres chemins que d’escalader l’air qui se dresse devant moi comme un mur sans mesure. La confiance repose sur le crédit que je m’accorde. Comprimé, j’éclate. Mon cœur est une cible, mon cœur est une irruption volcanique. Un brouet extatique.  

Mais, comment vais-je pouvoir aller jusqu’à toi ? Morbide froid où la courbe de tes yeux est devenue le rectangle du dépotoir et la poubelle des mots. Nous sommes séparés par des voyelles d’amour, cette musique du langage un temps mariées à l’exclamation et aux virgules séparatrices des rythmes haletants. Tu fermes mes yeux et je te vois encore. Sous la coupole de mon cœur rampent des mots vêtus de noir. Une dictée de voyelles squelettiques s’échappe par la bouche des veilleurs de chagrin et une fumée grise se meurt dans le cimetière de la voix. Dois-je mourir aussi pour que nos mains se touchent à nouveau ? Je t’appelle et tu ne viens pas. Mon cœur se déplie comme le drap qui te couvre. Mais la Mort ne dit rien. Elle tangue. 

Au loin, tout au loin, des lèvres carmin embrassent mes paupières brûlées. Une voix ingénue accomplit des girouettes macabres. J’écoute Concerto pour une voix de Saint-Preux, mais ton cœur n’y est plus et le vide chancelle, il s’évanouit dans les mains de nos ruines. C’est une fête triste qui sommeille dans le curare. Nos marelles d’enfants n’offrent plus à nos pieds l’espace nécessaire pour qu’ils se posent. Ma parole griffonne encore quelques murmures à ce ciel improbable qui me demeure inaccessible. Ta Mort confirme mon infirmité à posséder le temps. Une poignée de plumes d’ange s’envole et la profondeur des cieux me retourne en boucle l’écho de mes frissons.

 

 

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  • Dépotoir et déposoir de mots, de pensées... Ici repose mon inspiration et mon imaginaire ; une sorte de maïeutique effrénée et dubitative et il me plait de pouvoir partager à qui veut bien.
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