L’indurable légèreté. L’intranquillité de l’évanouissement.
L’acte nous précipite. Faire, dire, donner, participer, recevoir et chanceler. La permanence à vouloir être actif nous conduit toujours au-delà de la contemplation inappropriée. J’apprends à vivre dans l’inaction lorsque je me réserve tout entier à accueillir.
Il est terriblement difficile de me retrouver attentif à tout ce qui se passe autour de moi comme dans l’enfance. L’acte prédomine. Pourtant, l’existence me démontre sans cesse l’indispensable qualité de l’immobilisme, de l’attente et de la simple attention à observer les êtres et les choses qui m’environnent.
Tout s’est arrêté, tout est repartie. Tout s’arrête qui ne recommence jamais. Sans cesse le soleil et la nuit se répartissent la durée. Tout est calme, tout est violent. L’apaisement succède au brouhaha. Je suis venu, tu es partie. Rien d’autre ne demeure ici que des taches d’huile sur un horizon mouillé.
La pensée qui se souvient intercale avec la projection de mes songes. Tu m’as dit « je t’aime » et la foudre a rapiécé la poussière. Nous marchons sur le chemin qui n’est pas un chemin. Des cordes et des reliefs de vagues s’encanaillent dans le brouillard.
La fumée nous sauve. C’est l’épaisseur de nos vies où se tricote l’idée que je conserve de toi et de moi, réunis. Le geste opère l’action de nos souffles. Nous sommes sur la portée où les notes s’emmêlent à l’air. Nos résidus se dispersent. Nous avons été, nous sommes encore ce paravent derrière l’ombre résiduelle.
Une lame d’obscurité enveloppe nos silhouettes comme dans un torchon protecteur recouvrant le pain. De la mie et des croûtes s’éparpillent, nos cœurs sont de la chapelure. Qui n’a pas connu le four des heures heureuses ne peut pas craquer sous la dent de l’union des farines. Une seule pâte dans la baguette de nos êtres. Tu sens le croissant chaud et mon ventre fabrique les sucs qui vont te dissoudre.