La réalité est analphabète.

Des croques mots par encore lessivés tiennent place dans la flaque persistante de l’après marée. Pas de terre sans « r », pas d’eau sans « e », le chaos et la boue sont identiques de leur initiale. Tu n’avais pas l’âge de la mort et les palabres du destin ont fini par froisser les heures creuses. L’amour et l’anarchie, c’est pareil. Des tonneaux de tendresse roulent jusqu’aux rives de l’infini désordre. Des yeux pour voir et des langues remplient d’idées brouillonnes amassent les cœurs sous l’étau des étoiles. Le ciel ne tombe pas, il se dépare, il se déconstruit pour rejeter ses épaves. Le noir est sans avenir, c’est pour cela qu’il s’ouvre aux projets des phares regroupés dans mon crâne. Les bateaux passent et se dispersent. La mer est houleuse, les cormorans se sont noyés, la mer a balayé le seuil des falaises dépeuplées.

Des croquemitaines s’emparent des vagues, puis c’est au tour de la tempête d’essuyer la réalité errante. Des radeaux invisibles bourlinguent au milieu de nul part. Là où rien n’est concret, la tornade assèche le jeu de l’indifférence et du définitif. Elle dégueule le ciel de ses fragments imparfaits. Nous sommes sur le flanc et le mot nous recouvre. Nos langues sont attachées au miroir des contrariétés. Des reflets pipelettes racontent des histoires à mourir debout. Je meurs d’angoisse et tu pars, je meurs d’amour et tu fais signe aux étoiles de remonter à leur place, de s’asseoir où plus rien n’existe.

Il me reste mardi pour boire à la décoction des heures épluchées. La semaine sera maigre et le reste des jours s’accrocheront à la toile. Une punaise chavire et des papiers tombent sous l’orage. Il pleut des flaques de gadoue sous le parasol de mon cœur. La vie déchue reprise les lagunes où nous nous sommes perdus. La réalité est analphabète.