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LA COLLINE AUX CIGALES
24 décembre 2012

Un hiver sans neige.

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Aujourd’hui, tu tiens droite dans la parole. Tu es présente, toute entière, dans l’air que je respire. A l’interruption des voix granuleuses et vibrantes commele museau d'un animal, je vole vers d’autres musiques pressenties dans la traversée du silence.

Peu à peu, la lumière compacte s’effrite. 

J’attends du jour qu’il soit à la bonne hauteur. Qu’il soit nulle part, et moi partout. Chaque heure pourra se désagréger avant d’encombrer le chagrin. Une coulée de lave chaude dévie son chemin de fumée. La poussière se suspend dans l’air de l’autre côté de cette face. C’est le silence dépeuplé qui parle. Plus moi.  

Pourquoi ces noirceurs, là-bas, au fond de la colline ? 

          Décalage : Au ras de nos peaux nues, les paroles déjà données dansent comme des papillons. Nous débordons de l’étouffement. Mon regard prend de la hauteur au-delà de la parole. Respirer. 

          Je te ramène à la maison. Tes cheveux et ta langue : la neige les a couverts. Ici, dehors, pèse sur nous le reflet d’un océan encombré. J’ai trop longtemps dormi derrière le volet, collé à la façade bleue du ciel. Que reste-t-il de nos os après que le feu soit devenu un ravin ? 

          Le temps a rompu. Ce qui reste des saisons connaît l’apesanteur et le déliement. Mais, seul l’air est léger. Séparés, nous avons chuté de la montagne comme deux jeunes torrents impétueux. Nous avons rejoint la rivière. Indistincts à l’eau. 

          Nous sommes couchés debout. Les pieds et les mains dans nos bouches. Un glacier rond comme un galet coincé dans nos gorges. Tout a fondu. L’air use l’eau. 

         Ce que j’avais à te dire retrouve la route. Aujourd’hui, tu tiens dans le vent qui me caresse. A l’extrémité du jour, tes yeux sont déjà des remparts à la soustraction.

          L’amour est une haleine éclatée. 

          Dans l’emportement de la soif, chaque herbe a crié la hauteur du champ. Nos têtes tiennent sur des roseaux. Nos mains enserrent le souffle et nos yeux pissent sous le bandeau du temps. Dans la colline, un étrange feu aboie dans le vent. 

          Nos âmes souffrent d’une bronchite et toussent la parole. Nos poumons crachent la flamme. Un éclat nous raconte. Promptement. 

          Nous nous cherchons là où le jour se perd. Nous nous perdons dans la fumée immobile d’un instant arraché à la vie. Nos mots se dilapident dans le sauvage tumulte de l’air. Des fragments de terre cognent le soleil. Nos toitures se jointent pour accueillir la pluie. La route qui dépasse nos vies semble humaine. Un peu, beaucoup, passionnément. 

          Nos consciences râpent l’air.

          Dans nos poches vides, l’inusable blancheur reste encore. Dans le coffrage de l’eau, le cœur rumine des algues. 

          Des coquillages se soudent à nos rêves.

          Une parole se froisse comme du papier. Un murmure retentit pareil à la nuit qui se fend. 

          L’eau forge à froid la douceur. Un nuage nous le dit. 

Ce matin, la nostalgie se trémousse dans mon esprit comme une passagère clandestine. Rien ne lui échappe. Elle se glisse partout où la vie s’indiffère, contrariée par son inappétence. Le chant des misères colportées par le vent se clipse et se grippe comme un boulon rouillé qu’on ne peut plus défaire.

 

 

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