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LA COLLINE AUX CIGALES
18 décembre 2012

Un lambeau de peine.

ernst_ludwig_kirchner_femme_nue_ajustant_ses_cheveuxTout ce qui compte, c’est de ne pas être dehors. Mes rêves seront sauvés et l’espoir demeurera une beauté aussi pure que ces flocons de neige formant un tapis de blanc. Il y a bien sûr, toujours ce murmure furieux et ce fleuve tonitruant qui traversent des communautés oubliées. Mais, l’innocence n’est plus un mal. La candeur toute ébouriffée n’est plus ce nuage d’ignorance et de noir sirupeux. Je mange à la terre que j’occupe et j’habite l’ossature de la mer pour seconde maison. Je suis assis sur un trépied pour maintenir à bout de cœur le chemin où se perd la parole nue. Mon audace a le frisson en boule de laine et j’enserre la traversée des peaux et des haleines avec le souffle clandestin de mes errances. J’ai trop longtemps voulu sortir de l’ornière pour voir à quoi ressemble le visage de ta mort. Le temps m’a fait plier comme un roseau, les sentiers se défont, des éperviers ratissent la neige.   

Sauver l’amour serait espérer déterrer l’existence de ses ruines et de ses délabrements. La seule mémoire utile réside dans la chair de toute chose. Nous avons retenus dans nos fibres la clarté puissante des bêtes vivant dans des terriers. Nos vies sont trop courtes et l’éternité est trop longue. Nous avons mémorisé la fluidité de l’éclair brisant toute endurance. Et dans un éclat, nous semons la lumière au plus profond de nos âmes.

A présent, je sais que l’important n’est pas l’image que j’ai conservée de toi, que ce n’est pas d’en être son écho qui importe mais c’est de lui offrir un lieu d’accueil hospitalier. Il y a quelque chose d'initié dans mon cœur. L’intérêt que j’éprouve pour ceux que j’aime ne s’explique pas, ne revendique rien d’autre qu’une entente inconditionnelle. Il y a un lien entre la bienveillance que je me porte et celle que j’accorde aux autres, à tous les autres. Je me découvre là où tu t’es oubliée. Ton absence m’enseigne le dépouillement nécessaire à la sérénité. Mon imaginaire et mes rêves ne m’emportent pas hors du champ de la réalité dés lors que l’instant présent est dans la troublante cacophonie des siècles ensevelis dans le temps modérateur.  

Je suis habité par mon propre cadavre. Ce n’est qu’une histoire de temps. Il est par moment plus lourd que l’air, mais je continue à m’envoler comme les feuilles mortes de l’automne. J’attends, je recommence à attendre mais je suis tari et saturé par l’abondance du silence. J’ai désormais les mains légères et la langue tannée par le dérisoire effondrement des pensées duveteuses. Je ne vais jamais plus loin que le regard et ton visage reste incrusté sous ma rétine. Une vie toute entière est tassée dans la pénombre instinctive. Je t’ai réuni au pied du cerisier pour rassembler ton éloge. Nos haleines sont coulantes comme de la résine et des écureuils viennent jouer sur nos branches.

Tout s’enfuit, nous ne le savions pas. Tout a passé et nous l'avons toujours su. Ce qui demeure s’estampille sur le brouillard qui s’éparpille. Nos cœurs sont des craies qui s’enfoncent dans le sable. Une flaque restitue à la rosée l’image de la joie partagée. L’illusion naît dans le réel et notre aventure prospère dans le berceau des rêves inaboutis.

 

 

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