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LA COLLINE AUX CIGALES
16 décembre 2012

Tuer en-soi l’enfance ?

academique_femme_nu

Parfois, regarder par la fenêtre, c’est transporter tout ce que l’on est d’un espace à un autre. Une vie entière dépasse les frontières de la peau pour explorer de nouvelles zones inconnues. Ce détachement du corps, de la parole et du cœur cherche une résonance à sa propre matière.  

C’est précisément où l’ombre n’existe pas que l’on peut entendre pleurer la lumière.  La douceur de la plume exit d’écriture appréhende le monde filtré par mon enveloppe charnelle. Le silence occupe le voile minuscule recouvrant mes tympans. Il accompagne la fournaise crépitante qui ravine mes sensations, et mon appréciation du monde va de pair avec l’odeur du feu qui me consume.

Reste cependant le goût de la mûre et le rouge du sang qui coule jusqu'à mon coeur.

Lorsque l’égout du ciel lâche ses eaux, la fleur boit aux miettes du néant.

Dans mes bras, ma mère, ma terre. Avant que l’heure sonne sa sentence purulente, tu me reviens et je te reviens comme l’eau se retourne dans la vague. Dans mon cœur, ma terre et ma mère, je vous cède l’amour qui s’effondre et m’attache à lui. J’extirpe de la catastrophe de toute naissance, la flèche empoissonnée par la poisse vertigineuse et la douleur stridente afin de me défaire d’un destin toujours trop lourd à supporter.

C’est dans la vase qui borde le marais que je bois l’aube qui vient. Mes yeux sont des têtards et ta fausse présence rouvre la voie des profondeurs luminescentes. Je ne résiste pas à l’attraction des lueurs accompagnant la descente. Je me pose doucement sur un tapis d’algues, je ne vois plus la lumière que par en dessous.

L’érosion est aquatique et sulfureuse. Le fruit que je tiens dans la main porte ton nom. Rongé jusqu’à son noyau, j’entends murmurer dans ses entrailles les mélodies de nos enfances que nous avions perdues. L’arbre d’amour est tranché, mais ses racines prolifèrent malgré l’absence méprisable du bois découpé pour nous isoler de la vie rayonnante. Faut-il s’emporter jusqu’à tuer son enfance pour renaître véritablement ?

L’amour est une grenade, elle explose à chaque fois que le vent déchire les ombres où nous nous étions cachés. La proportion de la déflagration est relative à l’investissement de notre désir. Je t’aime et je te veux sont donc insociables. Je concède à la solitude de mon cœur le pis allé du retroussement des fleurs qui naguère occupaient tout le ciel. Et s’il ne me reste qu’un pétale flétri, je te l’offrirais pour que tu ne disparaisses pas complètement. Faut-il que la paix n’existe qu’après d’âpres combats ?

 

 

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