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LA COLLINE AUX CIGALES
17 décembre 2012

La parole a quitté son nid.

eberl_francois_zdenek_maurice_femme_nue_assise_en_buste_1692861_500_500_1692861Cette nuit, des papillons sont venus fourcher mes rêves. Mon cœur perché sur des étoiles roses les a vus passer en ribambelle devant la lune. Ils suivaient ton visage.

Au temps suspendu, des ballons de silence lumineux et colorés s’envolent comme des postillons de sucre. Sous le chapeau de la lanterne tamisée, une source d’eau claire s’enfuit entre les bras des pierres réconfortantes. Le temps trace son chemin et le miroir n’y voit que du feu. L’harmonie des ombres se retrouve sur la façade tiède où traîne encore un peu de soleil. 

Ce n’est plus moi qui viens à toi, c’est le manque tel qu’il se présente à ma chair. Parmi le vocabulaire de mes sens, je suis le sujet qui ne trouve pas le verbe qu’il conviendrait. Mon dictionnaire à émotions épluche toutes les pages à vive allure, mais l’insatisfaction n’est pas jugulée. Rien ne l’arrête. Pas un seul mot pour évoquer précisément le tourbillon du vide. La parole a quitté son nid. Elle délite. Son contenu désappartient au monde. Le sens de la vie est ailleurs. Encore. Mon amour brode des tissus déchirés. Inachevés. La clarté est insensée, elle oblige la poussière à se coller sur la lumière. Ma langue est gourde, mes lèvres gercent à l’appui de la voix. Je ne saurais te dire la glace qui givrait le soleil. Je ne saurais te dire toute la désappartenance de mon être et tous les désirs que je n’ai pas su m’approprier. Chaque seconde fournit à l’heure l’élément susceptible d’affirmer sa ronde, son tour de garde. Et, nous nous effaçons derrière chaque ombre devenue de la buée.   

L’écriture est rude. La solitude des lettres s’articule entre le vide de ta bouche et l’écho prolongé dans mes yeux. Chaque syllabe danse une java frénétique avant de chanter les dernières notes comme une cigale qui va s’endormir pour toujours. Un long moment poétique convoite la beauté des songes passagers. Des nuages d’innocence s’amoncellent sur l’horizon où l’éternité demeure figée comme une croix à la cime des montagnes. Une plénitude inexplicable enrobe la rosée sur mon front. La vision du tréfonds m’observe et des flocons de néant m’enivrent l’esprit. Tout le Mistral souffle ta voix au-delà des épices qui hier encore brûlaient ma langue.  

Le manteau de ta douceur prend forme où la brume s’étend comme la pâte d’un beignet de roses. Deux manches de lin accrochées aux semences tendres s’égouttent comme des larmes de miel. Pour le ciel, l’infini est devenu intolérable. Je me retourne encore et mon regard va mourir derrière la lumière pure.

 

 

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Commentaires
I
Du haut vol, toujours. Votre poignet tient bout à bout deux pôles, la douleur et son dépassement, l'effort y est superbe et convaincant.
I
Je viens de comprendre (avec la dernière phrase) que ton écriture revisitait le mythe d'Orphée. <br /> <br /> Bonne journée un peu de grisaille mais lumineuse quand même ;)
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