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LA COLLINE AUX CIGALES
17 novembre 2012

Ton absence prolonge l’écho des vagues.

NU_3

Une pensée fuit et m’emporte dans sa course. Le renouveau est d’abord un vertige, un élan neuf qui ne sait pas où poser ses pieds. Il tourne et retourne mille fois sur des espaces de proximité inconnus. Il cherche. Il mesure, réfléchit, pèse lentement le pour-et-le-contre avant d’entreprendre la marche qu’il sait fragile, instable et dangereuse. Il lui faut retrouver dans son souffle la lueur qui un temps éclairera le chemin. Dans la profondeur de notre mémoire, la rencontre avec une foule de visages muets nous décide enfin à réinventer les étoiles perdues. Celle du Berger en premier. Vénus est aux aguets, elle frotte sa jupe argentée sur le vieux cartable de la nuit où jadis les bougies du partage servaient de repère à la marche des rois. Je gratte le ciel comme on creuse la terre. Le passé éventre les mottes dures et trace des couloirs de béance comme la charrue du paysan qui veut semer. L’attente est toute entière plongée dans un sillon ouvert où germe ton absence.

Tu es là, assise au bord d’un ruisseau de désirs capricieux. Tu es là sans y être. En fait, tu n’es pas ici, mais tu es l’idée qui m’occupe. Tu es un ronflement constant dans cet autre moi que je fus hier encore. Et, tu dors dans mes cicatrices comme un rêve bouclé s’émancipe d’une réalité qui proteste. Ton absence prolonge l’écho des vagues que l’on entend la nuit lorsque la mer est démontée. Elle se réveille dans la doublure d’une empreinte poinçonnée sur l’éternité. Elle est gravée à l’instantané du temps qui chute dans le deuil des ombres ramollies. Notre mémoire devient alors ce cercueil d’Être et de bois où nous nous couchons serrés l’un contre l’autre aux creux de chaque nuit. C’est joue contre joue, à bras-le-corps, le cœur net et dépouillé que nous irons reconquérir les heures étouffées. Toutes celles qui sont restées empilées derrière nous comme des citadelles gorgées d’explosives substances.

Trop de surenchères sont prêtes à cracher des pluies torrentielles sur nos tendresses émaciées de leurs grêles carencées. Nous macérons dans la connivence pétrolée de notre plaie commune. Le lien est noyé dans notre misère, dans cette glue épaisse qui embourbe nos chalutiers d’espérance. Mais, de nous deux, je suis le seul d’où suinte encore la vie dans sa clarté de tendresse. Et de ce fait, l’approche est blottie dans l’irréel du songe qui m’habite. Elle est recroquevillée au fond de mon histoire comme un chapitre d’existence aux bouillonnements enlisés et paralysés derrière une résistance blême. Chaque jour qui passe, je t’aborde et m’éloigne en même temps. Je m’étire et me crispe dans le décalage des rythmes fluctuants de cet amour qui hue et désapprouve toute séparation. C’est sûr, notre amour ne supporte pas l’inachevé. Et puis, de toute façon qui pourrait croire à notre histoire terminée, qui pourrait savoir mieux que nous-mêmes l’extrême défaite qui fusille encore nos cœurs ? 

 

 

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