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LA COLLINE AUX CIGALES
16 novembre 2012

Dans la sueur d’une solitude imprononçable.

NU_2Quand le mur franchi disparaît, il ne peut y avoir d’absence sans appel au remplacement, sans tentative de compensation, sans lien avec le reste du monde. Le manque que tu représentes est une vie sans encombre, délayée de tumulte. Aujourd’hui, je n’ai plus aucune nécessité à t’encourager au retour à la vie, il n’y en a plus besoin. Car tu persistes sans le vouloir à déambuler dans les couloirs de mes pensées. Je ne t’y invente pas. Je t’y invite doucement et tu y viens sans rechigner.

Enfant, nous savions déjà l’absence comme un tombeau froid, une oubliette où l’on jette les papiers froissés. C’est pourquoi nous nous étions longuement entraînés à briser le silence des catacombes en nous initiant à une forme de télépathie permettant de nous relier implicitement quoiqu’il arrive. Si tu te rappelles, nous avons souvent joué à nous deviner. Chacun cogitait un mot que l’autre devait trouver. Et, même si nos réponses n’avaient rien de commun avec le mot que nous pensions, les rires qui s’en suivaient avaient la force d’un consensus bien plus puissant que toutes nos devinettes. 

Qu’importe si je n’existe plus pour toi. Tu es ma lacune et mon siphon, la seule carence qui puisse m’être bénéfique.

On savait déjà les collines de tendresse aux parfums retenus, les sentiers désolés qu’il faut emprunter aux promesses déchirées entre l’inassouvi et l’inachevé. On savait déjà l’absence comme une terre mordue et douloureuse. La vacuité qui provoque la déroute des sens. L’amour meurt d’un soupir, le cœur s’assoupit après la convulsion qui le déchire. L’amour resserre le vide pour donner un nom à l’absence. Ses éclairs puisent leur force dans la souffrance de la perte, dans la sueur d’une solitude imprononçable.

De grâce acceptons-nous tels que nous sommes, cela évitera que l’on se reconnaisse dans le reflet de l’illusion qui nous menace ! Ne rien perdre et tout improviser. Redescendre là-bas vers la colline aux bouffées sauvages et aux mille sentiers embaumés de romarin et de farigoule.

Ta disparition a été mon apprentissage. Le manque courtise la mémoire jusqu’à devenir une vieille guenille sans jus. La privation prend alors le visage d’un cachot sombre rempli de clapotements insidieux. Elle secrète un poison puissant où les voix ensorceleuses des sirènes de la contrefaçon se transvasent et s’assemblent. Celles qui brocardent le refoulement des désirs contrariés. Celles qui parodient les griseries de nos cœurs rougis jusqu’au paroxysme de leur épanchement. Il faut une affection ténue, une espérance indéfroquable, une décision incontournable pour écourter ce grand supplice et pour affronter le vide afin de lui soutirer quelques souffles fleuris de nos perdus-trouvés. Nous devons débarrasser nos crânes du fleuve rageur qui coule le long des chemins escarpés. Il faut tarir nos mémoires comme le soleil boit aux marées salines et nous habiller du blanc prophétique.

 

 

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